L’éditorial de juillet 2023
"Transmettre", par Claire Mathon, coprésidente, avec Jean-Marie Dreujou, de l’AFCCela ouvre sur d’autres questions : Qu’est-ce qu’apprendre à faire des images ? De quelles images parle-t-on ?
Aujourd’hui les images sont partout, elles préexistent en partie… il suffit presque d’allumer la caméra, d’ouvrir une fenêtre sur l’ordinateur pour qu’une image apparaisse.
De la caméra œil aux caméras sans yeux…
Apprendre à faire des images, ne serait-ce pas aussi apprendre à les regarder ?
J’affectionne ces images pleines de signes… L’image comme apprentissage du monde, opportunité de nouveaux savoirs.

Lors de ces conférences et après, les étudiants posent des questions.
Le dialogue est enrichissant, nécessaire… Il se poursuit.
Transmettre, pourrait être creuser (en soi) et diffuser ce qu’on a trouvé, comment on l’a trouvé.
Je pense à deux livres publiés tout récemment.
Georges Didi-Huberman, Tables de montage. Il montre son travail et partage ce qu’il a vu, lu, aimé… Comment sa pensée se nourrit, s’articule, chemine.
Et Bernard Plossu, L’Album de travail. Il y publie ses planches de contact.

On expose de plus en plus souvent les carnets, carnets de croquis, d’esquisses. Démontrant leur valeur, mais aussi la richesse de la recherche, du processus de création.
Transmettre renvoie à notre propre apprentissage, à nos propres parcours, aux rencontres décisives. À nos désirs qui évoluent.
Transmettre, c’est aussi aller vers les autres, dialoguer.
« Le désir de transmettre doit inclure l’inattendu de la transmission, et doit accepter son propre effacement. Ce que l’on transmet réellement, n’est jamais ce que l’on désirait. », écrit le psychanalyste Jacques Arènes.
Nous entendons en ce moment des étudiants qui doutent, qui questionnent leur future pratique, leur futur place, les nouveaux outils, les nouvelles habitudes de visionnage des films, la disparition de certains savoir-faire…
Je me sens proche d’eux. Et à la fois loin aussi de par mon expérience, qui devient objet de connaissance et de savoir et donc terreau de transmission.
Je sens dans mon travail aujourd’hui l’importance de l’inspiration, du souffle, de l’énergie que donnent les œuvres des autres.
Est-il possible de transmettre nos pratiques, nos gestes ?
Il nous faut continuer à inventer, à créer des ateliers… pour essayer, pour expérimenter, pour apprendre des autres, partager nos questionnements.
Je pense aux cours de Bourdelle à la Grande Chaumière, à ce beau lieu, à ses conseils toujours vivants.
Transmettre nos envies, notre enthousiasme.
Le mien face aux très belles œuvres de Degas et ses recherches autour du noir et blanc exposées à la BNF qui me donnent envie encore de pousser la porte d’une "école"…
