La Prunelle de mes yeux

La Prunelle de mes yeux, troisième long métrage d’Axelle Ropert, première collaboration. Mélanie Bernier est une jeune aveugle. Bastien Bouillon est son voisin du dessous. Lorsque l’ascenseur les réunit pour la première fois, le ton monte très vite.

C’est une comédie romantique, c’est-à-dire une grande histoire d’amour et une comédie. Les acteurs sont beaux, la situation tragique. Axelle savait exactement ce qu’elle voulait. En terme de… tout ou presque. En préparation, elle a dirigé chacun des chefs de poste comme on dirige un acteur. Très rapidement, on s’est mis d’accord sur un film que nous aimons tous deux beaucoup. Axelle m’en avait montré plusieurs autres pour m’aiguiller mais c’est celui-ci qui nous apparut faire la synthèse de toutes nos ambitions pour le film (en terme d’image je parle). C’est le film de Whit Stillman, Les Derniers jours du disco (1998) merveilleusement éclairé par John Thomas. Kate Beckinsale et Chloë Sevigny sont sublimes.

Axelle insistait beaucoup sur les acteurs, il faut qu’ils soient beaux, les gros plans, les visages. La lumière est à leur service. Axelle et moi aurions voulu tourner en 35 mm. Cela n’a pas été possible pour la production et notre petit budget. En numérique, ce n’est pas si simple à cause de ces teintes chair si pauvres, en ProRes encore moins. J’ai donc éclairé très doux comme c’est de rigueur en numérique, en me permettant parfois de petites incartades en combinant une grande plage avec des Fresnel en direct. Elle m’avait demandé en préparation quelques gags de lumière possible puisqu’il s’agit d’une aveugle. J’ai tâché de placer des minuteries ou des allumages intempestifs commandés par détection de mouvement mais ça n’a pas trouvé sa place dans les scènes à tourner. La lumière devait aussi montrer que seule notre héroïne n’allumait pas la lumière le soir chez elle. Visages lumineux, fonds obscurs.

Axelle voulait tourner ce film en format large pour sentir l’inconnu qui l’entoure, en la filmant seule, centrée dans l’image avec du vide de part et d’autre. On tourna donc avec de toutes nouvelles optiques anamorphiques, les Scorpio, qui ont la caractéristique d’être toutes petites. Etant de facture moderne, avec une anamorphose répartie tout au long du chemin optique, ils n’ont pas les caractéristiques visibles des vieilles optiques anamorphiques : pas de "bokeh" ovale ni de "flare" transversal bleu. Ils n’en sont pas moins anamorphiques et la comparaison avec le sphérique sautait aux yeux avec d’un côté des personnages qui semblaient presque sortir de l’image et d’autres tout plat. Et puis, j’aimais bien l’idée que mes pixels bien rangés seraient étirés deux fois, c’était une façon comme une autre de les maltraiter. Un Classic Soft dans le pare-soleil en permanence.

Axelle voulait beaucoup de mouvements amples, de plans-séquences à base de zooms, de panoramiques ou de travellings. On a choisi l’Alexa Studio et son "shutter" mécanique qui fluidifie légèrement les mouvements pour retrouver un peu de la douceur du 35. Son découpage était très précis et sans fioriture. Axelle était sûre de ses choix et, une fois sur le plateau, nous laissait toute latitude pour interpréter chacun dans notre emploi ce qu’elle nous avait demandé en préparation. On faisait entre cinq et dix plans par jour ce qui laisse le temps de la réflexion et de la direction d’acteur. Trente-cinq jours de tournage.

Portfolio

Équipe

1er assistant opérateur : Johan Le Ruz
Stagiaire caméra : Sabri Benakouche
Machinerie : Ahmed Zaoui
Electricité : Philippe Leroy
Groupe : Jean-Pascal Czap

Technique

Matériel caméra : Arri Alexa Studio en 4/3 ProRes 2K - TSF Caméra
Optiques : Scorpios et zoom Angénieux 25-250 mm, sans anamorphoseur
Electricité et machinerie : TSF
Laboratoire : M141
Etalonneuse : Raphaëlle Dufosset (qui étalonna également les rushes et c’est bien précieux)