Lettre morte

Par Eric Guichard, AFC

par Eric Guichard La Lettre AFC n°216

Les équipes de LTC avaient depuis deux ans réclamé corps et âme de connaître et de comprendre les tenants et les aboutissants des évolutions du paysage cinématographique. Beaucoup d’entre eux avaient aussi sollicité des stages et des reconversions dont chaque entreprise est en droit de faire bénéficier ses employés. Toutes ces demandes et ces questions seront restées sans réponses.
Chacun d’entre nous, et les nombreux témoignages le prouvent, mesure le gâchis et l’irréparable.

Ce n’est pas ici que nous jugerons les responsables et que nous chercherons des coupables. Nous sommes ici pour éviter que d’autres catastrophes qui se profilent ne se répètent, qu’enfin on donne la parole à ceux qui font des films et qu’on entende ceux qui participent à leur fabrication, au quotidien, dans les laboratoires et les industries techniques.
Les salariés de LTC sont les victimes d’une course en avant dont chaque acteur de la profession souffre aussi.

A l’heure où les chiffres de la fréquentation des salles explosent, à l’heure où notre cinéma va peut-être recevoir les honneurs d’un Oscar, à l’heure où les scénarios français sont repris par la plus grande industrie du cinéma, meurent ici sans bruit des dizaines de métiers irremplaçables, plongent dans le de chômage tous ceux qui n’ont pas été entendus ni écoutés.
L’avenir du cinéma français, son patrimoine extraordinaire, son savoir-faire reconnu mondialement, doivent pouvoir perdurer dans toute sa richesse technique et artistique. L’argentique en fait partie, protégeons-le car, dans dix ans, on nous le reprochera et nous serons accusés, à juste raison, de l’avoir tué.

Si toutes les questions, que chacun est en droit de poser sur l’avenir de nos métiers, ne restent pas LETTRE MORTE, les salariés de LTC sauront alors que leur combat aura servi.