Jean-Marie Dreujou, AFC, tourne en 3D "Le Dernier loup" pour Jean-Jacques Annaud

Thales Angénieux s’entretient avec le directeur de la photographie

par Angénieux La Lettre AFC n°251

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Adapté du best-seller en Chine de Jiang Rong, Le Dernier loup a été tourné en Chine en 3D. Le directeur de la photographie Jean-Marie Dreujou, AFC, nous a livré son expérience avec les zooms Angénieux lors du tournage.

1969. Chen Zhen, un jeune étudiant originaire de Pékin, est envoyé en Mongolie-Intérieure afin d’éduquer une tribu de bergers nomades. Mais c’est véritablement Chen qui a beaucoup à apprendre – sur la vie dans cette contrée infinie, hostile et vertigineuse, sur la notion de communauté, de liberté et de responsabilité, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes – le loup.
Séduit par le lien complexe et quasi mystique entre ces créatures sacrées et les bergers, il capture un louveteau afin de l’apprivoiser. Mais la relation naissante entre l’homme et l’animal – ainsi que le mode de vie traditionnel de la tribu, et l’avenir de la terre elle-même – est menacée lorsqu’un représentant régional de l’autorité centrale décide par tous les moyens d’éliminer les loups de cette région.

Jean-Marie Dreujou : Le Dernier loup est ma deuxième expérience cinématographique chinoise : j’ai tourné en 2001 Balzac et la petite tailleuse chinoise, de Dai Sijie. Pour ce film, j’avais utilisé un 25-250 HR que j’avais mixé avec une série Zeiss Distagon. Nous étions à l’époque quatre Français pour faire ce film, entièrement en chinois.
Le Dernier loup est mon quatrième film avec Jean-Jacques Annaud, il se passe en 1969. Un jeune étudiant originaire de Pékin est envoyé en Mongolie intérieure, dans une tribu de bergers nomades. Il va beaucoup apprendre sur la vie dans cette contrée infinie, hostile et vertigineuse, sur la notion de communauté, de liberté et de responsabilité, et sur la créature la plus crainte et vénérée des steppes... le loup !

Comment se passe la mixité des équipes ?

J-MD : J’ai tourné un peu partout dans le monde. Il m’est déjà arrivé de me retrouver seul dans une équipe étrangère pour faire un film. Nous sommes actuellement une équipe de 450 personnes, dont neuf Français. L’équipe image est constituée de 27 techniciens à la caméra, 17 à la machinerie, 19 à l’électricité, et une interprète.... Car seul mon " gaffer " chinois parle anglais.
Le langage du cinéma étant universel, grâce à la compétence des techniciens, nous arrivons toujours à nous comprendre. Denis Scozzesi, mon chef machiniste, m’accompagne. Sa compétence, et notre complicité, sont indispensables pour coordonner tous les mouvements de caméra.

Quels sont les équipements que vous utilisez sur le tournage ?

J-MD : Je tourne avec cinq caméras : trois caméras 2D et deux caméras 3D. J’utilise un rig allemand Screenplane pour les caméras 3D, sur lequel j’installe soit des packs 3D 16-42 mm, soit des packs 3D 30-80 mm. Sur les caméras 2D, j’utilise essentiellement des objectifs Angénieux : 15-40 et 28-76 mm, 24-290 et 28-340 mm. Nous tournons environ 1/4 en 3D natif et 3/4 en 2D. Le film sera ensuite entièrement spatialisé pour sortir dans les salles en 3D.

Quelles sont vos impressions sur les zooms Angénieux ?

J-MD : J’ai aimé utiliser, sur Le Dernier loup, le nouveau 28-340 mm avec le doubleur Angénieux. J’apprécie sa qualité optique très homogène. Lorsque j’ai commencé comme opérateur, j’utilisais beaucoup les objectifs Panavision, notamment le 24-275 mm qui avait déjà une ouverture à 2.8, ce qui est un avantage énorme particulièrement lorsque l’on tournait encore en 35 mm argentique. J’alternais cet objectif avec le 25-250 HR Angénieux qui avait une ouverture moindre.

J’ai utilisé l’Optimo 24-290 dès sa sortie, car il correspondait exactement à ce que je recherchais dans la qualité des peaux, dans la colorimétrie. C’était pour moi l’objectif idéal. J’ai retrouvé cela, bien sûr avec le 28-340 mm, mais aussi avec les Optimo Lightweight 15-40 et 28-76 mm où je pouvais passer d’une caméra fixe en
longue focale à une caméra à l’épaule avec harmonie. Ma cohérence de tournage est vraiment centrée autour de cela. Je mélange en général cela avec des Cooke S4 et cela fonctionne très bien car je retrouve la même qualité.

Concernant les caméras, qu’utilisez-vous ?

J-MD : Pour la 2D, je tourne avec des Arri Alexa, et pour la 3D, avec des RED. J’enregistre en RAW, et ainsi, nous raccordons rapidement les deux systèmes. Je suis accompagné d’Olivier Garcia, qui a installé le laboratoire sur place et qui règle tous les problèmes. Nous arrivons aussi à raccorder rapidement grâce aux objectifs
Angénieux.

A quoi cela est-il dû d’après vous ?

J-MD : A une très grande qualité de fabrication. Avec l’Alexa combinée aux Optimo, je retrouve exactement ce que je pouvais obtenir en argentique. La mixité est bluffante.

Comment se traduisent vos choix techniques par rapport aux contraintes ?

J-MD : J’ai souvent une caméra sur une grue et deux autres sur travelling ou slider, avec les zooms. Nous pouvons choisir les focales adaptées rapidement, notamment lorsqu’il faut capter les regards de nos loups.
La difficulté de ce film est qu’il se passe sur plusieurs saisons. En Mongolie, le passage de l’une à l’autre est visible quotidiennement. Le jaune change très vite du marron au vert (entre l’hiver et le printemps), et du vert au marron (entre l’été et l’automne).

L’autre difficulté était de suivre l’évolution d’un petit loup (un des personnages du film) depuis sa naissance en avril jusqu’au début de l’automne. Nous avons conçu un plan de travail complexe pour concilier ces deux contraintes.
Andrew Simpson a éduqué seize loups, dont quatre petits pour le rôle principal. Nous avons commencé à tourner des plans d’été très larges au mois d’août 2012, en très petite équipe, dans des endroits isolés de Mongolie qui ne permettaient pas d’accueillir toute l’équipe.

Puis nous avons tourné une scène compliquée d’hiver : des loups attaquent des chevaux dans la nuit et le blizzard. C’était assez terrible, mais les hommes ainsi que le matériel, ont résisté !
A la naissance des petits loups en avril, le tournage a repris. Deux autres coupures ont ensuite été nécessaires : pour leur permettre de grandir, et aussi pour respecter l’évolution des saisons.
Nous abordons actuellement le tournage des séquences d’hiver, dans le grand froid et la neige !

Comment fonctionnez-vous entre focales fixes et zooms ?

J-MD : J’utilise très peu les objectifs fixes. D’une manière générale, depuis que les 15-40 et 28-76 sont sortis, je ne les utilise quasiment plus.

Pourtant les Optimo Lightweight ne sont pas les plus répandus en Chine à l’inverse
de l’Europe ou des Etats Unis…

J-MD : Cela évolue vite... Mon équipe chinoise a très vite vu que ces objectifs sont d’une très grande qualité, et je dois lutter avec le photographe de plateau qui me " vole " systématiquement le 28-76 dès qu’il n’est plus sur une caméra !

Quand se termine le tournage ?

J-MD : Mi novembre 2013. J’ai encore eu quelques raccords à tourner au mois d’avril 2014.

Vos prochains projets ?

J-MD : D’autres aventures aussi belles que Le Dernier loup !