Panavision France rencontre Victor Seguin, AFC, pour son travail sur "La Vénus d’argent", d’Héléna Klotz

par Panavision Alga Contre-Champ AFC n°348

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Victor Seguin, AFC, a photographié La Vénus d’argent, d’Héléna Klotz, avec deux séries d’optiques Panavision différentes, pour servir son parti pris esthétique. Il nous parle du projet et justifie ce choix.

Comment avez-vous été impliqué dans le projet ?

Victor Seguin : J’ai rencontré Héléna Klotz en 2011 lorsqu’elle réalisait son moyen métrage L’Age atomique. Je sortais de l’École [Louis-Lumière, NDLR] et je suis venu donner un coup de main comme électricien pour voir comment travaillait sa directrice de la photographie, Hélène Louvart, AFC. J’ai retrouvé Héléna en 2021 quand elle a cherché un chef opérateur pour son court métrage, Amour océan. C’était une sorte de préambule à La Vénus d’argent. On partage l’été de deux sœurs qui vivent dans une caserne de gendarmerie. Héléna cherchait une équipe qui puisse la suivre sur son projet de long métrage, elle avait entendu parler de moi, et a apprécié mon travail. Cette première collaboration s’est révélée très agréable et créative, et j’ai été très heureux de pouvoir poursuivre avec son long.

Comment décririez-vous le look du projet ?

VS : La Vénus d’argent juxtapose deux univers, celui de la famille de Jeanne, une jeune femme qui vit dans une caserne de gendarmerie, et celui de la haute finance dans lequel elle essaye de trouver sa place comme "quant trader". Dans ce dernier univers, Jeanne se montre froide et déterminée, ambitieuse, retranchée sous un masque de logique mathématique. Dans la caserne, le naturel la rattrape, entre la tendresse attentive de sa famille et l’émoi causé par le retour d’un premier amour contrariant.

Claire Pommet sur l'affiche de "La Vénus d'argent".
Claire Pommet sur l’affiche de "La Vénus d’argent".


Quelles sont les références visuelles particulières du projet ?

VS : Fille de cinéastes [le réalisateur Nicolas Klotz et la scénariste Elisabeth Perceval, NDLR], Héléna m’a dit avoir grandi avec Bresson plutôt qu’avec les productions de Spielberg. Mais elle assume aujourd’hui aussi volontiers son goût pour les univers très visuels des grandes productions, de films ou de séries américaines. Et ces deux types de références ont cohabité tout au long de la préparation, cherchant la rigueur ou la liberté d’un cadre, l’utilisation généreuse des couleurs ou des techniques de prise de vues, ici ou là.

Claire Pommet. - Photo : Les Film du Bélier
Claire Pommet.
Photo : Les Film du Bélier


Qu’est-ce qui vous a attiré dans les objectifs spécifiques que vous avez choisis ?

VS : Nous avons voulu caractériser visuellement ces deux vies de Jeanne par des cadres plus libres dans la caserne et plus stricts et composés dans la finance, des lumières plus chaleureuses ou froides et l’utilisation de deux séries d’optiques de chez Panavision. D’un côté la série Super 35 PVintage, sa douceur, ses très beaux bokeh et ses aberrations intéressantes - que nous avons augmentées en utilisant, sur la Venice, un capteur plus grand que Super 35 - donnent un aspect organique à ce lieu de vie qu’est la caserne. De l’autre, la série grand capteur Panavision 70, plus moderne, définie et sans aberrations, accompagne le masque de rigueur de Jeanne, sa "carapace de banquière". Elle passe d’un univers à l’autre comme dans un rêve éveillé, bercée par la musique formidable de Ulysse Klotz, le frère d’Héléna.

Claire Pommet. - Photo : Les Film du Bélier
Claire Pommet.
Photo : Les Film du Bélier


Qu’est-ce qui vous a amené chez Panavision pour ce projet ?

VS : Je collabore depuis longtemps avec Panavision. J’aime l’univers visuel unique qu’offrent ses optiques. Je sais que je peux retrouver cette cohérence dans le choix d’optiques de Panavision, et en même temps une variété d’outils qui suffit à accompagner tous les projets.

Photo : Nicolas Sanchez


Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir directeur de la photographie et qu’est-ce qui vous inspire aujourd’hui ?

VS : Mon envie de devenir chef opérateur vient d’une pratique des arts plastiques et d’un goût pour la fabrication autant que pour la conception. La variété des outils disponibles aujourd’hui pour le tournage et la postproduction d’un film et leur simplicité permet aux chefs opérateurs une approche plus artisanale, qui me plaît. Je trouve la richesse visuelle des films et des séries, aujourd’hui, enthousiasmante.

Photo : Carole Bethuel