Philippe Le Sourd, AFC, ASC, au sommaire de "Cinematography World", numéro #001
La première fois que le directeur de la photographie Philippe Le Sourd, AFC, ASC (DP de The Grandmaster, 2013) a travaillé avec la cinéaste Sofia Coppola (Lost in Translation, 2003, DP Lance Acord, ASC), il s’agissait de porter sur grand écran l’opéra du XIXe siècle La Traviata. Leur partenariat a continué pour inclure l’ère de la guerre civile américaine, dans The Beguiled (2017) et maintenant le contemporain On The Rocks. Le Sourd ne croit pas à l’idée de répétition, même en ce qui concerne des collaborations fréquentes entre mêmes personnes, et ce en raison de la nature de la narration. « Evidemment, The Beguiled se déroule à une époque différente de celle d’On the Rocks, mais pour chaque film, vous devez découvrir ce que le réalisateur recherche. Est-ce un drame, une comédie ou un film de science-fiction ? A chaque fois vous empruntez un chemin différent. »
On The Rocks est la première coproduction entre Apple et A24. L’histoire tourne autour de Laura (Rashida Jones), qui soupçonne que son mari Dean (Marlon Wayans) a une liaison avec un collègue et demande les conseils de son père, un playboy, Felix, joué par (Bill Murray). Sans surprise, avec Murray au volant de la comédie dramatique, il s’ensuit des escapades espiègles qui vous feront à la fois rire et pleurer. « Rashida et Bill sont des acteurs fantastiques, qui ont de fortes personnalités », note Le Sourd. « Sofia a installé une ambiance chaleureuse sur le plateau, ce qui leur a permis de bien explorer leurs personnages. Au départ, je pensais que tout allait être différent avec Bill. Il improvise au début et, pour le reste du tournage, reste sur la bonne voie. Bill avait besoin de découvrir comment Rashida allait lui répondre. »
Capter les images sur pellicule film a été une décision facile à prendre pour Le Sourd et Coppola, car c’était le médium qu’ils avaient déjà choisi pour The Beguiled. « J’adore l’interprétation, le défi et la surprise du film », remarque Le Sourd, « et la question que vous vous posez lors de la préparation, du pré-light et du tournage. Tout dépend de la signification visuelle lorsque vous choisissez le support film. Je n’aurais jamais pu réaliser ce que j’ai fait sur The Beguiled avec le numérique. Tourner sur film la nuit est plus compliqué – est-ce que je veux ré-éclairer la rue ? Mais je peux voir la texture du film, que j’aime et avec laquelle je me sens plus à l’aise par rapport au numérique. Sofia a toujours voulu tourner sur film, il n’y a pas eu de discussions à ce sujet pour On The Rocks.
Le film négatif couleur Kodak Vision3 500T 5219 et le film négatif couleur Kodak Vision3 200T 5213 ont été sélectionnés comme supports. « J’ai principalement utilisé la 5219 et la 5213 lorsque c’était possible. J’ai fait quelques tests de nuit et j’ai décidé de pousser le négatif 5219 d’un diaph pour obtenir plus de détails dans les hautes lumières et dans les noirs », explique Le Sourd. Aucun retard n’a été constaté dans le traitement du film car Kodak Film Lab New York a géré les rushes.
« Kodak a ouvert un nouveau laboratoire à New York, ce qui était fantastique car nous n’avions pas à les expédier à Los Angeles », ajoute Le Sourd. « J’ai travaillé avec Damien van der Cruyssen à The Mill. Ils développaient le négatif le matin et il était scanné en fin de la journée. J’ai pu étalonner les rushes sur un iPad ou indiquer au coloriste comment les étalonner correctement. »
D’autres modifications ont été apportées au Digital Intermediate [internégatif numérique]. « Vous pouvez commencer la journée sous le soleil et finir à l’ombre. En conséquence, la température de couleur peut passer de 6 000 à 7 000 K. La beauté du DI est qu’il vous aide à tout lisser. » On ne trouve pratiquement aucun effet visuel dans la comédie dramatique, excepté certains modifiant des panneaux de signalisation portant des logos d’entreprise.
- Lire la suite de l’article, en anglais, sur le site Internet de Cinematography World.
Article de Trevor Hogg, relayé également sur le site de Kodak. Extrait traduit de l’anglais par Richard Andry, AFC.