Scrivere con la luce de Vittorio Storaro

réflexions sur la lumière

La Lettre AFC n°112

Chef opérateur mythique de Bertolucci, Coppola et Carlos Saura, Vittorio Storaro vient de publier Scrivere con la luce, Writing with Light.
Le film français du 28 juin 2002 s’est entretenu avec Vittorio dont les propos ont été recueillis par Patrick Caradec :
« J’ai écrit ce livre, non pour raconter ma vie, mais pour donner au lecteur ma vision du travail de la lumière au cinéma. Pour cela, je me suis appuyé sur la documentation que j’ai accumulée au fil des ans pour la préparation de mes films. Dans ce livre, j’essaie de faire comprendre au lecteur les grands principes qui régissent la lumière et l’image. Qu’est-ce que cela veut dire utiliser les ombres, la lumière, la couleur ? C’est comme un vocabulaire visuel.
Quand je lis le scénario, j’essaie d’abord de découvrir le vrai signifié du film. Je crois beaucoup à la préparation : bien lire l’histoire, en parler avec le réalisateur et déterminer une idée visuelle centrale pour le film. Mais, s’appuyer sur une structure ne veut pas dire être aveugle pour le reste du film.
C’est dur de trouver des films où il y a une idée centrale dans l’image. C’est souvent très léger, pas très travaillé, l’image est toujours un peu la même tout au long du film. Alors que la lumière, c’est comme la musique, il faut qu’elle évolue.
Le cinéma italien, c’est devenu le désert. Il règne une grande confusion, comme en France, notamment pour les réalisateurs qui doivent absolument écrire leurs scénarios. Un bon réalisateur sait qu’il ne peut pas tout connaître. Il est le chef d’orchestre, le père spirituel du film, mais il doit y avoir des
co-auteurs à côté de lui : le scénariste, le directeur de la photo, le chef déco...
En octobre prochain, je sors le second tome de mon livre qui est consacré à la couleur. Un troisième livre sur les éléments est prévu pour octobre 2003. »