Une grande lumière du son s’éteint
par Michel KharatJe suis entré dans le métier en 1970 et déjà, à l’Ecole Louis-Lumière, Jean-Louis faisait figure de chef de file. Avec son Nagra III et ses 160, il a révolutionné la technique de prise de son, comme quelques autres rares mais déterminés. Le son témoin était la règle générale sur les plateaux. De contrainte technique, le son est devenu un élément actif de la création artistique grâce à des personnalités comme Jean-Louis.
Avec énergie, intelligence et sensibilité, il a réussi à " éduquer " les jeunes réalisateurs, à leur apprendre à écouter. Il a fait de la prise de son direct un moment de création fragile, donnant au tournage ses lettres de noblesse en l’élevant au rang de processus quasi magique.
Jean-Louis fut une icône forte du cinéma français qui, avec un talent extrême mais tolérant, a propulsé la technique française au firmament du cinéma international. Un enregistreur mono, un micro, un perchman : cette configuration était certes minimaliste mais suffisante, voire imposée pour donner au son " français " sa touche de vérité.
J’ai connu cette période de grâce où beaucoup de la création artistique du son passait par l’agilité et l’intelligence du perchman, et Jean-Louis en fut un excellent… A un moment où l’équipe son comporte le plus souvent trois personnes, il faut se souvenir de ces précurseurs qui ont imposé le perchman comme élément indispensable de la prise de son sur le plateau.
Merci Jean-Louis.
(Michel Kharat est chef opérateur du son)