Christopher Doyle, invité des déjeuners du "Film français"


Invité des déjeuners du Film français à la Plage des Palmes, le directeur de la photographie hongkongais Christopher Doyle, HKSC, a répondu avec l’humour de circonstance aux questions de Patrice Carré sur l’hommage qu’Angénieux lui rend cette année, sur sa carrière et son travail.

Vous allez recevoir ce soir l’hommage "Pierre Angénieux ExcelLens in Cinematography". Quelle a été votre réaction en l’apprenant ?
J’ai appelé environ 80 chefs opérateurs en m’excusant. Plus sérieusement, j’étais sur une préparation à Taïwan. Et les producteurs m’ont félicité en me disant : « Tu es le premier Asiatique à recevoir cette récompense. » J’ai trouvé que c’était complétement incongru. Mais, ce qui est formidable avec ce prix, c’est qu’il est concret. Dans beaucoup de pays, on reçoit des trophées ou de l’argent. Mais là, on va me remettre un objectif cinéma, ce qui veut vraiment dire « continue de faire un aussi bon boulot. » C’est ce que j’ai envie d’entendre, d’autant que cet objectif, je vais l’utiliser. Et puis si je suis fauché, je pourrai toujours le vendre.

Vous avez connu plusieurs périodes durant votre carrière. Laquelle a été la plus riche, selon vous ?
La prochaine. C’est comme quand on me demande quel est mon meilleur film. Je réponds toujours que ça sera le prochain. Quand on fait un film, on n’en dort plus, parce que l’on n’arrête pas de chercher les meilleures solutions. Et puis, au fur et à mesure, on commence à accumuler de l’expérience. Ce qui compte, c’est de toujours conserver son énergie intacte.

Vous avez travaillé avec des réalisateurs asiatiques, américains et européens. De grosses différences culturelles sur les tournages ?
Si vous regardez la liste des chefs opérateurs distingués par Angénieux, c’est un vrai brassage culturel. Les frères Coen n’existeraient pas sans Roger Deakins, qui est anglais à 100 %. Quand on est un peu extérieur, on apporte un vrai regard.

Votre métier n’est-il pas devenu plus complexe avec le numérique ?
Si. C’est pour ça que j’ai des assistants. Pour moi, ce qui compte avant tout, ce sont ceux qui composent les équipes. Sur un film, 80 % de mon travail est en fait effectué par mes assistants. Et à partir du moment où l’on travaille en bonne intelligence, la technique ne peut en aucun cas être un obstacle.

(Propos recueillis par Patrice Carré pour Le film français daté du vendredi 26 mai)