Dans le sillage des frères Lumière, Lyon mise sur l’image

Par Aurélie Djavadi

La Lettre AFC n°239

Le Monde, 30 janvier 2014
Pionnière dans le jeu vidéo et très investie dans le secteur du cinéma, la région forme aux métiers de demain. C’est à Lyon que les frères Lumière ont tourné le premier film de l’histoire du cinéma. Forte de ce prestigieux passé, la métropole se place à l’avant-garde des prochaines révolutions.

Un pôle de compétitivité est consacré à l’image. A Villeurbanne, Imaginove fédère 200 entreprises des secteurs du cinéma, de l’animation, du multimédia et du jeu vidéo. Quatre filières très dynamiques en Rhône-Alpes. « Avec l’essor des projets transmédia, de la télévision connectée aux plates-formes de jeux vidéo en ligne, nous pressentions que ces professionnels seraient de plus en plus amenés à travailler ensemble », explique Magali Rofidal, chef de projet " talents et compétences ".

Ces synergies préfigurent une évolution des métiers. Afin d’anticiper les nouveaux besoins, le pôle a lancé, en 2007, soit un an après sa création, un " réseau des écoles de l’image ". En 2014, celui-ci rassemble quinze formations allant de l’infographie à l’université Lumière (Lyon-II) au droit du cinéma dans un master à l’université Jean-Moulin, en passant par la conception multimédia avec un cursus de l’école des Gobelins (Paris), délocalisé à Annecy.

Jeu vidéo à l’université Lumière
Pour intégrer ce réseau, la reconnaissance des entreprises est requise. Les cursus les plus récents, comme le pôle Gamagora sur le jeu vidéo, à l’université Lumière, se sont construits avec les milieux professionnels. D’autres disposent déjà d’une notoriété, comme l’école de dessin Emile-Cohl, qui monte un programme pour une université chinoise. Recrutés sur leurs capacités d’observation après le bac, les étudiants y apprennent trois ans durant les fondamentaux de la représentation, de la perspective à l’étude documentaire. Puis ils choisissent une spécialisation de deux ans en illustration, jeu vidéo, animation ou multimédia. « Il y a quelques années, beaucoup de diplômés se tournaient vers le dessin animé », note le directeur, Philippe Rivière. « Aujourd’hui, l’engouement est à la 3D et au jeu vidéo. »

Universités, écoles privées, cursus en trois ou cinq ans, formations initiales ou en apprentissage… Imaginove favorise le dialogue entre les acteurs. « Nous réunissons chaque trimestre les responsables pédagogiques », explique Magali Rofidal, « et convions les étudiants à des conférences sur les mutations des médias, avec, entre autres, le directeur des nouvelles écritures de France Télévisions ou le directeur du contenu d’Orange. » Depuis deux ans, le pôle de compétitivité incite les élèves des différentes écoles à faire équipe lors d’un challenge où la mutualisation des compétences est gage de succès. Une manière de décliner à l’échelle régionale la pédagogie par projet cultivée dans des formations comme Gamagora.

Celle-ci propose des cursus distincts mais complémentaires en infographie, design et programmation, ce qui permet de réunir chaque année les trois promotions pour la production d’un jeu. « Elles partagent aussi certains cours », explique Gilles Gesquière, responsable de ce pôle à Lumière. « Cela leur apporte une culture générale et une ouverture d’esprit très intéressantes pour travailler dans des PME. » En effet, alors que les jeux sur consoles et PC perdent du terrain, de petites sociétés misent sur « les nouveaux supports, smartphones et tablettes ». Plus que jamais, la créativité devient cruciale.

(Aurélie Djavadi, Le Monde, jeudi 30 janvier 2014)