Dans le sillage des frères Lumière, Lyon mise sur l’image
Par Aurélie DjavadiPionnière dans le jeu vidéo et très investie dans le secteur du cinéma, la région forme aux métiers de demain. C’est à Lyon que les frères Lumière ont tourné le premier film de l’histoire du cinéma. Forte de ce prestigieux passé, la métropole se place à l’avant-garde des prochaines révolutions.
Un pôle de compétitivité est consacré à l’image. A Villeurbanne, Imaginove fédère 200 entreprises des secteurs du cinéma, de l’animation, du multimédia et du jeu vidéo. Quatre filières très dynamiques en Rhône-Alpes. « Avec l’essor des projets transmédia, de la télévision connectée aux plates-formes de jeux vidéo en ligne, nous pressentions que ces professionnels seraient de plus en plus amenés à travailler ensemble », explique Magali Rofidal, chef de projet " talents et compétences ".
Ces synergies préfigurent une évolution des métiers. Afin d’anticiper les nouveaux besoins, le pôle a lancé, en 2007, soit un an après sa création, un " réseau des écoles de l’image ". En 2014, celui-ci rassemble quinze formations allant de l’infographie à l’université Lumière (Lyon-II) au droit du cinéma dans un master à l’université Jean-Moulin, en passant par la conception multimédia avec un cursus de l’école des Gobelins (Paris), délocalisé à Annecy.
Jeu vidéo à l’université Lumière
Pour intégrer ce réseau, la reconnaissance des entreprises est requise. Les cursus les plus récents, comme le pôle Gamagora sur le jeu vidéo, à l’université Lumière, se sont construits avec les milieux professionnels. D’autres disposent déjà d’une notoriété, comme l’école de dessin Emile-Cohl, qui monte un programme pour une université chinoise. Recrutés sur leurs capacités d’observation après le bac, les étudiants y apprennent trois ans durant les fondamentaux de la représentation, de la perspective à l’étude documentaire. Puis ils choisissent une spécialisation de deux ans en illustration, jeu vidéo, animation ou multimédia. « Il y a quelques années, beaucoup de diplômés se tournaient vers le dessin animé », note le directeur, Philippe Rivière. « Aujourd’hui, l’engouement est à la 3D et au jeu vidéo. »
Universités, écoles privées, cursus en trois ou cinq ans, formations initiales ou en apprentissage… Imaginove favorise le dialogue entre les acteurs. « Nous réunissons chaque trimestre les responsables pédagogiques », explique Magali Rofidal, « et convions les étudiants à des conférences sur les mutations des médias, avec, entre autres, le directeur des nouvelles écritures de France Télévisions ou le directeur du contenu d’Orange. » Depuis deux ans, le pôle de compétitivité incite les élèves des différentes écoles à faire équipe lors d’un challenge où la mutualisation des compétences est gage de succès. Une manière de décliner à l’échelle régionale la pédagogie par projet cultivée dans des formations comme Gamagora.
Celle-ci propose des cursus distincts mais complémentaires en infographie, design et programmation, ce qui permet de réunir chaque année les trois promotions pour la production d’un jeu. « Elles partagent aussi certains cours », explique Gilles Gesquière, responsable de ce pôle à Lumière. « Cela leur apporte une culture générale et une ouverture d’esprit très intéressantes pour travailler dans des PME. » En effet, alors que les jeux sur consoles et PC perdent du terrain, de petites sociétés misent sur « les nouveaux supports, smartphones et tablettes ». Plus que jamais, la créativité devient cruciale.
(Aurélie Djavadi, Le Monde, jeudi 30 janvier 2014)