Panah Panahi, premier Prix André Bazin des "Cahiers du cinéma" pour "Hit the Road"
Le prix André Bazin vu par les Cahiers du cinéma
« Le prix André Bazin est décerné par les Cahiers du cinéma à un ou une cinéaste dont le premier long métrage, quelle que soit sa nationalité, est sorti ou sortira en France en 2022.
Ce prix prolonge naturellement la plus précieuse raison d’être de la critique, et des Cahiers en particulier, depuis leur création en 1951 : découvrir un ou une cinéaste, contribuer à sa reconnaissance et à la continuation de son œuvre.
"Vous n’avez rien contre la jeunesse ?", demandait une jeune femme à Jean-Paul Belmondo dans À bout de souffle en exhibant une couverture des Cahiers. Cette revue, qui fut le berceau de la Nouvelle Vague, a toujours eu à cœur de parier sur la jeunesse, de repérer et d’accompagner tous les courants, créateurs et créatrices, apportant du sang neuf au cinéma.
Il nous est apparu comme une évidence que ce prix devait porter le nom de l’un de ses fondateurs, figure tutélaire de la critique moderne, et l’un des plus admirés : André Bazin. »
Le jury de ce premier prix des Cahiers du cinéma était composé du réalisateur Arnaud Desplechin, de l’actrice Lyna Khoudri, du danseur et chorégraphe Benjamin Millepied, de la directrice de la photographie Celine Bozon, AFC, de la rédactrice en chef adjointe des Cahiers du cinéma Charlotte Garson, du rédacteur en chef des Cahiers Marcos Uzal, ainsi que de l’étudiante et abonnée au magazine Zoé Lhuillier.
Les jurés ont notamment loué la capacité de ce conte sur l’exil à représenter un pays de contrastes, une terre où se côtoient violence et espoir.
Extrait du discours du jury
« C’est un film qui n’oublie pas d’entretenir, en nous, la croyance au cinéma. Merci pour cette ode à la littérature, à l’amour, à la sensualité, merci pour cette invitation au voyage, pour ce portrait pluriel d’une société qui mérite que l’on remarque sa beauté plus que jamais. Sur le chemin de l’exil ("ghorbat"), aux côtés des personnages pour un trajet hors du temps, on accède, comme par un passage secret, à leur pure intimité. Là où les moqueries et les blagues sont une carapace dans laquelle se cache un torrent d’amour. Là où la musique libère les âmes. Là où un road trip est une quête au fin fond de soi : Qu’est-ce qui a existé avant nous ? Que peuvent bien nous raconter les chemins que l’on traverse ? Est-il plus difficile de dire "adieu" que de dire "je t’aime" ? Vous nous proposez avec tant de subtilité une photo de famille comme le miroir d’un pays. Triste et joyeux. Violent et drôle. Ombragé mais lumineux. Alors merci à Panah Panahi pour ce film qui vibre et rayonne jusque dans nos cœurs. Bravo à lui pour cette illustre entrée en cinéma. »
Extrait du discours de remerciements du cinéaste
« Je suis extrêmement honoré mais ma joie n’est pas entière. Je porte en moi cette blessure, cette douleur. Cette douleur infinie que l’on ressent, là d’où je viens. Je viens du cœur d’événements qui nous déchirent », a-t-il déclaré, avant de conclure sur une note d’optimisme : « Nous avons espoir en cette unité, en cet avenir qui peut-être chantera pour nous, les Iraniens. Je ne peux donc conclure que par le plus beau cri de l’humanité : Femme, Vie, Liberté. »
(Sources diverses, dont CNC)
- Lire un article complémentaire sur le site Internet des Cahiers du cinéma.