Pompéi s’effondre, symbole d’une Italie en état de catastrophe culturelle

Par Philippe Ridet

AFC newsletter n°204

Le Monde, 13 novembre 2010

La Maison des gladiateurs et ses fresques qui s’effondrent entièrement, dimanche 7 novembre, à Pompéi, faute d’un entretien constant. Le tapis rouge du Festival du cinéma de Rome envahi par des centaines de manifestants protestant, le jour de l’inauguration, contre les coupes dans la culture. Le Musée d’art moderne de Naples qui ne parvient plus à payer ses factures d’électricité et menace de réduire ses heures d’ouverture. L’Opéra qui a dû revoir à la baisse les contrats des techniciens. Tous ces événements disent " l’état de catastrophe culturelle " qui menace aujourd’hui l’Italie.

La politique de rigueur budgétaire décrétée par le gouvernement (29 milliards d’euros d’économies en 2011 et 2012) se traduira par une réduction de 58 millions d’euros pour le secteur de la valorisation des biens culturels, et de plus de 100 millions pour le Fonds unique pour le spectacle (FUS). C’est également rude pour les collectivités locales : elles ne pourront dépenser plus que 20 % des sommes allouées par l’Etat par le passé pour l’organisation d’événements culturels.

Cœur d’activité de l’Italie
Pour protester contre les coupes budgétaires, de nombreux musées, bibliothèques et sites archéologiques étaient fermés vendredi 12 novembre, d’autres étaient ouverts gratuitement. Le 22 novembre, les acteurs, réalisateurs, scénaristes et techniciens de cinéma sont également appelés par les syndicats à une grève générale.

" Faute d’argent "
L’art et la culture, qui devraient être une des principales ressources de l’Italie, font l’objet de peu d’investissements, alors que le tourisme représente 12 % du PIB. De 7 milliards d’euros en 2008, année de l’élection de Silvio Berlusconi, le budget de la culture est tombé à 5 milliards en 2010, soit 0,21 % du budget de la nation.

Philippe Ridet, Le Monde, 13 novembre 2010