Un cinéaste d’exception nous a quittés
Par Pierre Lhomme, AFCNous étions de la même promotion à " Vaugirard ", (1951-1953) avec Jean-César Chiabaut, Philippe de Broca, Charles Bitsch, François Lauliac, Edith Krausse... Sacha Vierny et Jacques Demy finissaient leur deuxième et dernière année. Nos vingt ans, nos rêves, nos utopies, le parti communiste, notre refus de " la sale guerre ", le Studio Parnasse, la Cinémathèque, Jean Vivié, notre prof principal qui alimentait si bien notre passion-cinéma, le syndicat qui nous ouvrait ses portes pour que nous rencontrions nos aînés et leurs préoccupations.

Yann a surmonté toutes les désillusions en trouvant toujours une nouvelle voie jusqu’à ces derniers temps, où cloué au Nistader, son bateau, il voulait croire encore possible un voyage à Cuba afin de reprendre son enseignement à l’Institut du Cinéma de Los Baños. Avec une caméra à l’œil et au poing, il se lançait dans des plans séquences dont on pouvait croire qu’ils avaient été prémédités alors qu’ils étaient tout simplement à l’unisson de son regard, un regard vif et combatif. On a souvent œuvré côte à côte. Son dernier projet l’avait conduit à élire domicile sur une péniche. Il était devenu marinier pour être de ceux dont il voulait parler.

Le coffret de ses films, accompagné d’un remarquable livret, vous dira mieux que moi sa fougue et son talent. Ne manquez pas " Kashima Paradise - Le cinéma de Yann Le Masson ", par les éditions Montparnasse, collection " Le geste cinématographique ".
