Depuis que nous nous sommes rencontrés en 2012, Martin Roux et moi sommes en conversation sur nos images, communes à une époque, puis images des films à faire ou finis de l’un ou de l’autre. Souvent nous avons été rejoints par d’autres, Jean-Pierre Beauviala, Fred Savoir, Patrick Leplat, Olivier Garcia, Florine Bel… Nous l’avons souvent répété, ce qui se passait entre la sortie de capteur et l’étalonnage restait opaque et ne nous satisfaisait pas.
En ces temps de confinement, synonyme pour certains de télétravail, bricolage, lecture, rangement, multiples choses toujours remises à plus tard, don de temps en trop pour aider les autres, éducation périscolaire de ses enfants, remise à niveau de sa culture générale et autres, seules quelques rares personnes n’auraient pas remarqué que les écrans sont beaucoup sollicités et les images diffusées bien perturbées.
Dans le N° 755 - mai 2019 - des Cahiers du cinéma, le directeur de la photographie Thomas Favel rend hommage à Jean-Pierre Beauviala. Ayant fait au printemps 2006 un stage chez Aaton où il avait pour tâche de contrôler les caméras en retour de maintenance, il revient sur le parcours d’un esprit libre qui restera « au firmament des inventeurs ».
L’histoire d’Aaton fut d’abord et toujours celle d’un homme, Jean-Pierre Beauviala, au parcours singulier et unique dans l’histoire du cinéma et de ses techniques. Certes son nom vient s’ajouter à une liste de pionniers et industriels français, d’Etienne-Jules Marey et Louis Lumière à André Coutant et Pierre Angénieux, mais il incarne plus que les autres un certain génie français, cartésien et intuitif, considérant que trouver les bonnes réponses exige de se poser d’abord les bonnes questions afin de fournir les outils adaptés aux besoins de chacun.
A la suite du départ de Jean-Pierre Beauviala, des directeurs de la photographie de l’AFC ont tenu à lui rendre un hommage particulier. Nous publions ici cinq de leurs témoignages.
Si aujourd’hui on demandait à des enfants de dessiner une caméra, à quoi ressemblerait-elle ? Je ne suis pas certain qu’ils dessineraient, sur son trépied, la fameuse boîte, surmontée des oreilles de Mickey.
« Je suis le Ciné-Œil. Je suis un bâtisseur. Je me libère de l’immobilité humaine. Mon chemin mène à la création d’une perception inédite du monde. C’est pourquoi je déchiffre d’une manière nouvelle un monde qui vous est inconnu… » (Dziga Vertov, juin 1923).
We’ve all heard the saying : “Cats have nine lives.” It’s a popular myth, one that’s been around for hundreds of years — and one that even earned a reference from no less a legend than Shakespeare, who worked it into Romeo and Juliet, giving Mercutio the line, “Good King of Cats, nothing but one of your nine lives, that I mean to make bold withal, and, as you shall use me hereafter, dry-beat the rest of the eight.”
Nous avons tous entendu au moins une fois le dicton suivant : « Les chats ont neuf vies ». C’est un mythe populaire, qui court depuis des siècles - et qui a même mérité une référence de la part d’une autre légende : Shakespeare, qui l’a intégré dans Roméo et Juliette, donnant à Mercutio le message suivant : « Bon roi des chats, rien qu’une de vos neuf vies, que j’accommoderai à ma guise, et, selon votre conduite envers moi tout à l’heure, je hacherai menu les huit autres. »
Consciously very different than the traditional American hero saga, Damien Chazelle’s biopic First Man is intended to be intimate and sober and depicts the difficulties of a couple in the aftermath of the loss of their first child. Cinematographer Linus Sandgren, FSF, used a variety of different cinematographic techniques for each particular take on this film where he is again working with its young director, both of whom were Oscar winners for La La Land. Here, he discusses with us the slightly-less glamorous, but just as important, aspects of the making of this film. (FR)
Une salle pleine, l’organisation obligée de limiter les entrées et pousser les gens à regarder le workshop sur les écrans à l’extérieur. Trois intervenants, Andreas Minuth, étalonneur, Daniele Sirugusano ingénieur, et Rolf Coulange, BVK, chef opérateur. C’est parti pour trois heures dans la pénombre à suivre les démonstrations sur un grand écran relié à un Baselight.
Volontairement très éloigné de la traditionnelle saga héroïque américaine, le biopic de Damien Chazelle, First Man (Le Premier homme sur la Lune) se veut intimiste et sombre, et dépeint les difficultés d’un couple à la suite de la perte de leur premier enfant. Alternant beaucoup de techniques de prise de vues différentes selon les séquences, Linus Sandgren, FSF, fait de nouveau équipe avec le jeune réalisateur, tous deux oscarisés pour La La Land. Il nous parle de cet aspect peut-être un peu moins spectaculaire, mais tout aussi important pour lui, de la fabrication du film. (FR)
Le Monde, 13 mai 2018 La région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) a retiré fin avril son aide au documentaire Cogolin, ville à vendre, consacré à l’ex-maire FN de cette ville. Un collectif de professionnels du cinéma, dont Denis Robert, Bertrand Tavernier, Yolande Moreau, Costa Gavras, Julie Bertuccelli et Robert Guédiguian, y voit un scandaleux geste de censure.
In honor of the French release on 25 January 2017 of Damien Chazelle’s La La Land (cinematography by Linus Sandgren, FSF), the Swedish director of photography granted us an interview about his work on this film, which was recently given an award by the foreign press association in Hollywood.
A l’occasion de la sortie en salles, le 25 janvier 2017, de La La Land, réalisé par Damien Chazelle et photographié par Linus Sandgren, FSF, lire ci-après un entretien avec le directeur de la photographie suédois à propos de son travail sur le film, récemment récompensé par la presse étrangère à Hollywood.
Les Echos, 20 mars 2014 Syndicats et patronat se retrouvent aujourd’hui pour la dernière séance de négociation sur la réforme de l’assurance chômage. Mais les dés sont pipés.
Par son ergonomie parfaite, la brillance de sa visée reflex, son faible bruit acoustique, et avant tout par sa finesse chromatique et le rendu des tons chairs jamais encore observé sur des images numériques, la caméra Penelope Delta a montré qu’elle était la digne descendante de Penelope film.
With its perfect ergonomics, its bright reflex viewfinder, its low noise, and, above all, with its chromatic finesse and its skin tone rendition never before seen in digital images, the Penelope Delta camera has shown that it is the worthy descendant of the Penelope film camera.
Caroline Champetier, AFC, has worked alongside Jean-Luc Godard, Claude Lanzmann, Benoît Jacquot, Jacques Doillon, Amos Gitai, Arnaud Desplechin and Xavier Beauvois, to name a few. It was thanks to the success of Of Gods and Men (Des hommes et des dieux) that she won the César award for Best Cinematography in 2001. Her work has been frequently selected for competition in the Cannes Film Festival (The Sentinel, Don’t Forget You’re Going to Die, The School of Flesh, H Story, Tokyo, Of Gods and Men), she is back this year with Holy Motors, the first new feature-length film by Léos Carax in eleven years. This film reprises ten characters, including the character invented during their 2008 collaboration on the Merde segment from the skit-based film Tokyo, also directed by Michel Gondry and Bong Joon Ho).
Caroline Champetier, AFC, a collaboré avec Jean-Luc Godard, Claude Lanzmann, Benoît Jacquot, Jacques Doillon, Amos Gitai, Arnaud Desplechin et Xavier Beauvois, entre autres. C’est d’ailleurs à l’occasion du succès de Des hommes et des dieux qu’elle a remporté le César de la Meilleure photographie en 2011. Habituée des sélections cannoises (La Sentinelle, N’oublie pas que tu vas mourir, L’Ecole de la chair, H/Story, Tokyo, Des hommes et des dieux), elle revient cette année avec Holy Motors, le nouveau long métrage de Léos Carax après onze ans d’absence. Un film qui reprend parmi dix autres personnages celui de leur collaboration en 2008 (le segment Merde du film à sketchs Tokyo, réalisés également par Michel Gondry et Bong Joon Ho).
21 décembre, Saint-Cloud, solstice d’hiver, le jour le plus court. J’ai rendez-vous 14, boulevard Sénart avec Elodie Schmidt, responsable de la qualité chez LTC. Dans le hall, je suis reçue par des vigiles. Je décline mon identité, la raison de ma visite. Ils appellent Elodie qui vient me chercher à la réception. En traversant la cour, les couloirs, l’absence est palpable : le silence est impressionnant et l’odeur des bains manque, la réalité frappe d’un coup, comme ça, sensorielle. Dans les bureaux, vide et silence à nouveau : seuls vingt parmi " 115 " sont d’astreinte, chargés de fermer la " boutique " avant la fin du mois. Nous rejoignons Christophe Lucotte, étalonneur photochimique LTC. Chronique d’une liquidation… que nous publions ici.
Je remercie très chaleureusement Elodie et Christophe de leur accueil. (I. S.)
Les repérages ont toujours été pour moi un moment privilégié. Une préfiguration du tournage. En petit, et avec moins d’enjeu. Chacun y prend ses repères, teste ses potentiels. Il y a des inconvénients parfois : être coincé dans un minibus pendant une semaine, et devoir demander pour faire pipi.
Cette fois ce sont des rendez-vous dans Paris. Des lieux qu’on ne verrait jamais sans cela. Une galerie privée du Petit Palais, un hangar à dirigeables construit par Gustave Eiffel à Meudon, une soufflerie banc d’essai pour l’aéronautique des trente glorieuses, ou le Palais Brongniart étrangement silencieux, vide, sinistre, que personne n’a jamais revu depuis les années 1970.
On cherche un lieu pour y installer un musée imaginaire, le musée des espèces disparues.
Une sorte de galerie de l’évolution, mais à l’envers : la galerie de la régression.
Le 2 septembre dernier à l’Espace Pierre Cardin, la Commission technique de la FICAM et le département Image de la CST avaient convié de nombreux professionnels participant à la création, la production, la postproduction et la diffusion des images de fiction pour la télévision à une matinée de présentation des résultats d’un groupe de travail commun " Super 16 – HD ". Avec l’aimable autorisation de la CST, qui avait organisé cette rencontre, et avant même qu’il ne soit publié dans sa propre Lettre, nous vous proposons un compte-rendu de cette matinée, sous la plume d’Hervé Lefel, membre du département Image de la CST.
" Inspiration ! ", le séminaire organisé par la fédération européenne des directeurs de la photographie Imago, s’est déroulé à Copenhague (Danemark) du 31 octobre au 2 novembre 2008. Tout d’abord, je voudrais exprimer mes remerciements les plus chaleureux à l’équipe d’Imago, son président Nigel Walters, BSC, Jan Weincke, président de la DDF, Andreas Fischer-Hansen, DDF, Paul René Roestad, FNF, et Tina Sorensen, responsable auprès de l’Ecole nationale de cinéma du Danemark, qui accueillait l’ensemble des participants. Cette équipe a organisé de manière impeccable, et surtout conviviale, ce séminaire autour d’un thème dont l’intitulé " Inspiration ! " n’était pas si évident à développer.
"Inspiration !", the seminar organized by Imago, the European Federation of directors of photography, was held in Copenhagen (Denmark) from October 31 to November 2, 2008. First, let me express my warmest thanks to the Imago team, its chairman Nigel Walters, BSC, Jan Weincke, president of the DDF, Andreas Fischer-Hansen, DDF, Paul Rene Roestad, FNF and Tina Sorensen, head to the National Film School of Denmark, who welcomed all the participants. The team organized this seminar in a seamless and, above all, friendly fashion, with a theme, entitled "Inspiration", which was far from easy to develop.
Plusieurs tournages ont été marqués par les grèves de certains techniciens les 3 et 4 mai derniers, mouvements auxquels se sont rattachées plusieurs manœuvres d’obstruction sur les plateaux et chez certains loueurs de matériel. L’Association des Producteurs de Cinéma, respectueuse du droit de grève, condamne vivement ces pratiques d’obstruction, d’autant qu’elles furent sciemment engagées au mépris total du calendrier de négociations pourtant unanimement adopté quelques jours plus tôt par l’ensemble des partenaires sociaux réunis en commission mixte paritaire.
Pas moins de 60 stagiaires se sont succédés les 4, 5 et 6 octobre dernier à l’atelier de tournage S16 organisé par Kodak à Paris. Toute l’équipe Kodak remercie chaleureusement Diane pour son investissement, sa grande pédagogie et ses qualités humaines durant ces trois jours très chargés !
Pourquoi lancez-vous une nouvelle caméra Super 16 en ces temps de sortie d’une nouvelle HD-XY++ chaque mois ? Réponse simple : l’intérêt pour ce format reprend dans beaucoup de pays et pas seulement chez les nouveaux ébulliants de type Chine, Inde et Russie ; aux USA aussi, les producteurs au nez subtil reviennent, après tous comptes faits, au tournage sur film.
avec Adelaïde Leroux, Samuel Boidin, Henti Cretel, Jean-Marie Bruveart
A la fois film d’amour et de guerre, Bruno Dumont nous emmène à nouveau dans son univers d’une grande sensibilité avec Flandres. Pour son deuxième film, L’Humanité, il avait obtenu le Grand prix du Jury à Cannes en 1999 ; en 2006, son quatrième film, Flandres est en compétition de nouveau sur la Croisette. Yves Cape, son directeur de la photographie, a partagé cette nouvelle expérience avec lui et parle avec émotion de cette aventure...
Micro Salon 2004 : 1353 entrées selon l’AFC. Cette fois-ci, j’ai pris rendez-vous avec John Morrison, un opérateur Steadicam anglais pour une petite promenade. Dans la cour, nous étions attendus par une Technocrane immense, dominant l’accueil. Même à cette heure tardive - il était déjà 19h00 - il fallait encore faire la queue pour rentrer. Comme de (bons ?) élèves, nous avons essayé de passer sans nous inscrire. Raté ! L’œil vigilant du président de l’AFC, Eric Guichard, nous a renvoyé avec beaucoup d’indulgence aux inscriptions. Après cette régularisation, il était content de pouvoir saluer un cadreur anglais et une réalisatrice allemande.
Passés les deux bureaux d’accueil où de charmantes hôtesses procédaient à la remise des badges, dans l’entrée - après le Bellefaye et Le technicien du film - le stand de Technovision présentait ses nouveautés : une Arricam Studio en version épaule et l’Arricam LT montée sur le Steadicam d’Eric Bialas (cadreur-opérateur Steadicam, membre de l’AFCF) ; le tout nouveau zoom d’Angénieux Optimo 24-290 T : 2,8 ; un zoom Hawk 150-450 T : 2,8 convertible en 100-300 T : 2,2 de chez Vantage et leur PSU prévisualisation de terrain sur disque dur, vitesse allant de 1 à (...)
Le " 2002 Eastman Kodak Gold Medal Award " a été décerné à Jean-Pierre Beauviala lors de la 144e Conférence-Exposition de la Society of Motion Picture and Television Engineers (SMPTE), qui s’est tenue à Pasadena en Californie.
« La caméra A-Minima est très largement utilisée dans les écoles de cinéma dans le monde » explique John L. Mason, président de la SMPTE, « C’est un outil à la fois abordable et créatif permettant aux étudiants d’acquérir une véritable expérience de la pellicule et de son esthétique. Puisque cette dernière est un moyen d’archivage, les projets des étudiants d’aujourd’hui, produits par les Spielberg et les Scorsese de demain, passeront ainsi à la postérité. »
Né en Arles, Jean-Pierre Beauviala obtient un doctorat en électronique à l’université de Grenoble en (...)