Gaby Baby Doll

Conte moderne où Gaby (Lolita Chammah), jeune femme qui ne supporte pas la solitude, part à la campagne pour essayer de combattre ses démons. Elle rencontre Vincent (Benjamin Biolay), grand solitaire, lui aussi en pleine remise en question. Chien Chien, un chien du voisinage va faire le lien entre eux, permettre qu’ils se rencontrent et se sauvent l’un l’autre…

C’est un film avec un petit budget, de l’ordre du million, que nous avons tourné en trois sessions de deux semaines, pour avoir trois saisons différentes à l’image.
Le film est construit comme un conte avec trois lieux importants dans lesquels on revient sans cesse (la maison, le café et le château) et un trajet de balade récurrent.
Il est construit comme une sorte de livre pour enfant, où les choses se répètent, les lieux et les cadrages reviennent et sont toujours les mêmes. Sophie a des références visuelles très fortes.

Au début du projet, elle voulait tourner en studio tous les extérieurs du film, toutes les balades, ainsi que tous les trajets entre les différents intérieurs. La démarche inverse de ce qu’on a l’habitude de faire. Une façon de jouer sur le factice, de dénaturaliser la nature.
Puis, le budget ne l’a pas permis, alors on a tourné en décors naturels, en essayant de bien différencier les saisons, que l’on sente bien, même si l’on revenait toujours sur les mêmes plans, que le temps avait passé. Nous avons commencé à la fin de l’été et fini en hiver.

En termes de cadrage, elle avait aussi des idées très précises. Une caméra toujours frontale. Pas de têtes coupées, avec pas mal d’air au dessus, comme dans les portraits en peinture, et un aspect brillant a l’image, avec des couleurs vives et profondes, des beaux noirs, comme les glacis de peintures a l’huile.
Elle attachait beaucoup d’importance aux chaussettes blanches de Lolita Chammah, et au blanc du poil du chien qui devait être très lumineux. Toujours en références à ces peintures… Un peu aussi comme le Technicolor d’Autant en emporte le vent qui a aussi été notre référence pour le film.

Très peu de moyens et une équipe très légère. Dans le décor de la cabane du château, les scènes de nuit ont été éclairées entièrement avec des torches du commerce, le personnage n’ayant pas l’électricité il s’éclairait donc à la lampe de poche. Pas facile ces temps-ci d’ailleurs de trouver des lampes chaudes, vu l’invasion des lampes à LEDs.
Pour les extérieurs nuit aussi, elle ne voulait que la lumière de leur torche, j’ai parfois triché un peu mais quasiment pas… Pour les intérieurs, une image assez contraste, pas mal de zones sombres et des couleurs fortes, sur les murs et dans les éléments de décor.

Une atmosphère intemporelle : pas de voiture, pas de téléphone portable, pas d’argent. De même que pour les costumes le personnage fait corps avec son costume, comme Blanche-Neige par exemple. Chaque comédien a toujours le même costume, à part Nicolas lorsqu’il laisse son jogging pour devenir châtelain.
Que des plans fixes bien sûr, à part UN travelling… Le tout monté assez " cut " avec pas mal de plans.

Il faut citer sa méthode de travail en amont du tournage. Après avoir écrit une première version du scénario, elle part dans les décors répéter et improviser avec son frère ; elle-même ou des amis proches, elle filme en vidéo et enregistre bien le son, monte ce document puis réécrit le scénario qui sera à ce moment le définitif, avec des dialogues ultra précis, des chevauchements de dialogue inscrits dans le scénario…
Nous tournions souvent dans le désordre, " par axes ", ce qu’en général je déteste mais qui pour ce film s’est avéré fonctionner. Nous ne cherchions pas le réalisme, dans le jeu d’acteur non plus, c’est sans doute pour cela que ça a marché.

Une belle aventure de tournage, pour moi assez dépaysante. Le plaisir de tourner en petite équipe et de revoir un peu ses habitudes…

(Dans le portfolio ci-dessous, quelques images de Gaby Baby Doll)

Équipe

Assistants caméra : Romain Baudéan et Emilie Monier
Chef électricien : Baptiste Imbert
Chef machiniste : Paul-Claude Bessière

Technique

Tourné en Arri Alexa ProRes Scope cropé, zoom Angénieux Optimo 28-76 mm, série Ultra Prime, matériel PhotoCineRent
Laboratoire : Cosmodigital (très bien)
Étalonneur : Christophe Bousquet