La Stratégie de la poussette

Clément tenait à ce que le film ait un univers visuel original et s’écarte un peu des codes récurrents de la comédie.
Nous avons évoqué de tourner en 35 mm car la plupart de ces références étaient principalement tirées de films en 35 mm.
L’idée était de rester brillant et léger tout en conservant une esthétique de film "plus sérieux" pour ancrer le film dans le réel malgré le loufoque des situations.
Le ratio 2,35 s’est imposé dès le départ pour servir l’esthétique et perdre notre héros dépassé par les événements lui arrivant de tous côtés.

Nous avons intensément travaillé avec la créatrice de costumes, Alexia Crisp-Jones, sur les couleurs des personnages pour qu’ils soient toujours à la limite du crédible.

De même pour les décors. Nous avons réussi avec Maamar Ech-Cheikh le chef décorateur à convaincre la production de construire l’appartement en studio ce qui est rare sur ce type de budget.
Grand bien nous en a pris puisqu’avec les horaires de tournage des bébés nous pouvions revenir instantanément à une ambiance plusieurs jours d’affilée et faire d autres séquences entre temps.
Nous avons bien réfléchi la circulation de l’appartement pour toujours avoir un point de vue qui permettait de relier les différents personnages en présence. Notamment entre la cuisine et le salon. Pour sentir la présence et servir à quelques mises en place de gags visuels.

Au départ du projet le personnage principal avait des visions fantasmagoriques à plusieurs reprises influencées par son métier d’illustrateur quand il pensait à Marie.
Plusieurs rêves éveillés qui ont petit à petit disparu du montage pour laisser place à une forme plus classique de narration. Mais ces visions ont motivé la plupart des décisions esthétiques du film a l’origine.
Des couleurs enfantines, alliées à un contraste présent et cinématographique en ratio 2,35.

Nous avons abandonné l’idée du 35 mm au profit d’une Alexa en propre (un choix dicté par le laboratoire et le budget...) et opté pour une série Panavision Primo sphérique et un 24-275 11:1.
Tourner principalement à une caméra à l’exception des scènes de fêtes à la crèche.

Côté workflow.
J’ai utilisé une LUT principale qui est une émulation de la pellicule de tirage Fuji 35 DI.
La LUT a été convertie (avec l’Arri Look Manager de l’époque) et chargée dans l’Alexa pour le monitoring.
Les rushes / proxies étaient étalonnés et calculés chez Digimage pour le montage.
Les différents étalonneurs qui se sont succédés aux rushes étaient très bien coordonnés par François Dupuy, et la communication et le workflow mis en place ont été totalement fluides.
L’étalonnage final a eu lieu chez Digimage sur Da Vinci Resolve avec Guillaume Lips.

J’ajouterai une mention spéciale à Raphaël Personnaz qui en plus d’être un comédien très talentueux, est très technique. Il "sent" la caméra, le timing pour lui et pour ses partenaires de jeu et anticipe les amorces et les créneaux comme personne, le tout doublé d’une bonne humeur communicative. Impossible de ne pas apprécier de travailler avec Raphaël.
Charlotte Le Bon n’est pas en reste bien que c’eût été son premier long métrage elle a tenu le niveau avec cette même bonne humeur et simplicité qui rend le travail simple et agréable.