Le réalisateur Jérôme de Gerlache tourne en Arri Amira

Le réalisateur Jérôme de Gerlache vient de terminer son premier long métrage, Là où l’on va. En 2015, il a investi personnellement dans une Arri Amira qui le suit dans tous ses projets de fiction, de documentaires, comme de publicité.

Quel a été votre parcours avant de réaliser votre premier long métrage ?
J’ai fait l’Insas en Belgique en section Image. Comme mon court métrage de fin d’études a gagné des prix dans le monde entier, j’ai commencé à faire de la publicité à Bruxelles, puis j’ai bougé à Paris en 2005. J’ai vite compris que j’allais être frustré de n’être que chef opérateur. J’avais envie d’être à l’initiative de projets. Je suis donc devenu réalisateur. J’ai fait de la publicité et beaucoup de documentaires. Au début, j’ai beaucoup réalisé et fait l’image moi-même, mais au fur et à mesure je m’en suis détaché. En documentaire, le fait de pouvoir opérer soi-même est une vraie force, par l’intimité que cela créé avec les personnes que l’on filme. Tandis qu’en fiction et en pub, le fait de pouvoir déléguer l’image à un directeur de la photo est plus intéressant.

Vous avez acheté en propre une Arri Amira en 2015 ? Pourquoi ?
A partir d’un moment, j’ai eu suffisamment de visibilité sur mon travail commandité pour pouvoir investir dans une Amira. Je voulais avoir la même qualité de rendu artistique pour mes projets perso, quand il n’y a pas d’argent, que pour les projets publicitaires ou les docus financés par des processus de production traditionnels. Dès que j’ai du temps, je tourne un documentaire, un clip. Ce sont des projets qui économiquement ne sont pas viables mais qui sont artistiquement très gratifiants. Récemment, j’ai réalisé le portrait d’une jeune illustratrice, Malika Favre, qui a fait près de 200 000 vues en moins de deux semaines et reçu le Staff Pick Vimeo. J’ai eu trois jours devant moi, je suis parti à Londres et j’ai tourné la matière avec Malika ; je suis rentré et j’avais le film. Ce n’est possible qu’avec son propre matériel.

Mais pourquoi une Amira et pas une Alexa ?
L’Amira est la première caméra numérique conçue pour une utilisation en opérateur unique, donc parfaitement adaptée au documentaire. Et comme c’est le même capteur que l’Alexa, dont j’aime beaucoup le rendu, je savais que j’allais pouvoir l’utiliser pour mon projet de long métrage de fiction qui était dans les tuyaux. C’est un outil caméléon. On peut l’opérer seul ou dans une configuration d’équipe image traditionnelle, avec des assistants. Elle peut faire aussi bien du documentaire, de la publicité, du clip, que de la fiction. Depuis 2015, j’ai tourné tous mes projets avec mon Amira.

Quelle configuration caméra avez-vous utilisé sur votre premier long métrage ?
Sur Là où on va, produit par Marty, j’ai collaboré avec Jacques Ballard, qui est un directeur de la photographie extrêmement talentueux, très physique. Nous avons tourné avec une Alexa Mini, louée chez RVZ, et mon Amira, qui servait de caméra B. Les deux caméras matchent parfaitement vu que c’est le même capteur. Dans ce film, il y a deux univers visuels. Le début à l’hôpital, qui est très verrouillé, très graphique. Et la deuxième partie, tournée en Thaïlande, qui a quelque chose de plus vivant, très coloré, dans le prolongement de ma filiation documentaire. Je voulais une image très propre, sans grain, avec des noirs vraiment noirs et des couleurs très tranchées, mais en restant dans une filiation naturaliste.

Et au niveau des optiques ?
Nous avons travaillé avec des Master Prime, prêtés très gentiment par Matias Boucard, qui nous a beaucoup soutenus sur ce projet. L’avantage de tourner avec des Master Prime Arri, c’est qu’ils ouvrent à 1,3. Ces optiques nous ont permis d’utiliser au mieux la lumière naturelle et les éléments lumineux du décor, que ce soit les tubes néons, les lampions, l’éclairage de la circulation dans les rues. Je suis extrêmement heureux du travail qu’a fait Jacques Ballard sur l’image.

Arri vient d’offrir la possibilité d’upgrader l’Amira en RAW. Comment avez-vous réagi ?
J’étais très demandeur. La problématique de l’Amira, c’est qu’elle était bridée en ProRess 4.4.4 XQ. Maintenant avec le RAW, je vais pouvoir bénéficier de toute la dynamique du capteur, soit 14 à 15 diaphs, et de toute l’étendue de rendu colorimétrique. Je vais pouvoir tirer le maximum de ma caméra. Techniquement la différence n’est pas énorme, mais cela va aussi être plus facile de louer mon Amira en fiction où les chefs opérateurs sont habitués à travailler en RAW. Dans le documentaire, la question se pose moins, vu que l’on est limité par la durée au niveau du workflow.

Qu’est-ce que cela a changé pour vous d’investir dans du matériel Arri ?
J’ai beaucoup apprécié la manière dont on construit les échanges avec Arri. Ils sont en perpétuel questionnement vis à vis des utilisateurs. J’ai très vite eu la chance de rencontrer le responsable de l’Amira, Markus Dürr, qui me demande régulièrement un retour sur les mises à jour. De ce dialogue est né une envie de continuer à investir dans des produits Arri. Au niveau lumière, j’ai acheté récemment un Arri SkyPanel 30 et une valise de projecteurs LED L5-C. Et puis Arri a des comptoirs un peu partout dans le monde. Je voyage beaucoup pour mon travail et on n’est jamais à l’abri d’un pépin, d’un souci technique. A Los Angeles, à Hong Kong ou à Pékin, j’ai tout de suite eu la possibilité d’avoir un interlocuteur, qui a ouvert un bureau, même un jour férié, pour m’aider à régler mes problèmes. Ça compte.