Les Crevettes pailletées

Une fois n’est pas coutume, Les Crevettes pailletées, ce road-movie choral et aquatique, nous a fait relever des défis ambitieux avec un budget restreint : 3,2 millions d’euros pour 35 jours de tournage.

Définir l’identité visuelle du film fut une étape essentielle et passionnante.
C’était ma première collaboration avec William Gally, chef électricien, disponible pour ce projet. Ce fut une magnifique rencontre. Il est un chef d’équipe très investi, épanoui et heureux, habité d’une énergie et d’une passion pour son métier comme Christophe Boissy, son fidèle électricien.
Nous avons fait ensemble des tests minutieux de gélatines en vue de séquences spécifiques, toujours dans l’idée d’utiliser la couleur pour créer de la profondeur et des contrastes. J’avais cette volonté d’une sorte d’esthétique "réaliste" mais exacerbée par la couleur.

Nous avons choisi des rouges pourpres, sanguins en opposition à des cyans et des bleus métalliques, avec des jaunes orangés saturés pour éclairer une "Gay Party", et y faire quatre plans séquences à l’épaule dans des bains romains municipaux à Mulhouse, obscurcis avec 4 000 m² de borniols…
Frédéric Savoir a pu lui aussi exprimer tout son talent de coloriste dans la phase d’étalonnage. Lors des tests préliminaires, nous avons décidé de ne pas avoir peur de la couleur. Bohemian Rhapsody et A Star is Born nous ayant confortés dans ce choix assumé d’une saturation de couleur pour magnifier nos "crevettes".

J’ai sur ce projet à nouveau choisi de travailler avec les Leica Summilux (leur rendu, l’ouverture et leur taille en faisant des alliés de choix) et avec l’Arri Alexa qui est une vraie amie depuis longtemps. Et, parce que la visée est beaucoup plus juste en contraste et en nuance de couleurs, je préfère toujours, même à l’épaule, la XT à la Mini.
Simon Blanchard m’ a à nouveau accompagné avec talent dans cette nouvelle aventure pour pointer et cadrer la deuxième caméra, lors des matchs de water-polo, et quelques plans au Ronin2.
Garance Garnier, seconde assistante caméra, pointait la deuxième caméra, et a fait en fin de film une journée comme chef opératrice en Croatie pour faire des plans qui nous manquaient en raison d’un gros orage ayant interrompu le tournage.

Cédric, dont c’était le premier film, n’avait pas au départ le souci des prix et des problèmes pratiques que pouvaient réclamer certains plans. Il était donc très motivant de trouver des solutions.
Nous avons tourné les plans sous-marins nous-mêmes avec Simon et Damien (sans l’aide d’équipe spécialisée) avec un Panasonic GH5S équipé d’un caisson aquatique Nauticam (acheté pour ce projet par RVZ, merci à Évelyne, Samuel et Fred pour les réglages) et un splashbag pour les matchs de water-polo.
Quelques ingénieux travellings (trilight+ GH5 S) - merci Damien - en bord de bassin, nous ont permis d’accompagner le plongeon d’un nageur de la surface à son entrée dans la piscine pour continuer sous l’eau.
Et puis également dans la fameuse séquence de la "Gay Pool Party", il y a un plan magique que je soumets à votre sagacité.
La caméra accompagne dans ses hallucinations subaquatiques une "crevette beurrée", descendant les marches qui mènent au bassin, pour continuer lentement et inexorablement sous l’eau.
Abdelhadi El Fakir, directeur de production, nous a permis d’utiliser un Scorpio Arm piloté par Philippe Mourier, équipé de la Scorpio Stab de NextShot, pour illustrer par de très nombreux plans, certains sophistiqués, la partie road-movie, nos héros voyageant dans leur bus à impériale décapoté en direction des Gay Games en Croatie.

Éclairer et le plaisir de cadrer à l’épaule même à l’étage du bus en roulant ou sous l’eau, en s’efforçant de donner un sens aux images pour raconter cette histoire, ont rendu passionnante cette collaboration avec Cédric et Maxime. Ce film m’a vraiment conforté dans l’idée que j’aime faire des films de différents genres, pour leur donner une image spécifique, personnelle mais surtout pas gratuite, pour aller dans le sens du scénario.

Bande-annonce officielle


https://youtu.be/VfFeY3MWAiA

Équipe

Premier assistant opérateur et cadreur caméra B, et Ronin2 : Simon Blanchard
Deuxième assistante opératrice et première caméra B : Garance Garnier
Stagiaire conventionné vidéo : Basile Baudelet
Renforts premiers assistants caméra : Seï Ito, Camille Clément
Renfort deuxième assistante caméra : Cloé Chope
Chef électricien : William Gally
Électricien : Christophe Boissy
Chef machiniste : Damien Auriol
Machinistes : Lionel Kuhn, Yannick Carton

Technique

Matériel caméra, lumière et machinerie : RVZ (Arri Alexa XT 16/9, ArriRaw, format 1:2,1 et Alexa Mini, Leica Summilux, zooms Angénieux Optimo 28-76 et 24-290 mm. Système Ronin 2. Panasonic GH5 S, caisson Nauticam, splashbag)
Laboratoire : Amazing Digital Studios
Étalonneur : Frédéric Savoir

synopsis

Suite à des propos homophobes, un champion de natation est condamné à entraîner une équipe de water-polo homosexuelle en vue des Gay Games en Croatie.
Ovni plébiscité au festival de l’Alpe d’Huez, prix spécial du jury, cette comédie de Cédric Le Gallo et Maxime Govare est un film inattendu, bienveillant, plein de liberté et de bonheur, où l’on rit avec nos héros et non à leurs dépens !