A propos de la Genesis

par Diane Baratier

par Diane Baratier La Lettre AFC n°137

L’AFC a organisé, récemment, la présentation d’une nouvelle caméra, la Genesis.
Son nom provient de genèse, la création. Est-ce que ce choix veut dire que la Genesis est une création ? C’est peut-être le point de vue des industriels qui l’ont mise sur le marché, mais je ne pense pas que ce soit celui des opérateurs qui vont devoir l’utiliser.

Cette caméra semble avoir été surtout conçue pour ne pas dépayser les DOP n’ayant jamais travaillé en vidéo. Elle ressemble à s’y méprendre à une caméra Panavision 35 mm. Son capteur ayant la taille de l’image 35, on peut utiliser tous les objectifs les plus anciens que l’on désire. Ses réglages d’usine ont été optimisés pour que l’opérateur de prise de vues n’ait pas à faire de réglages sur le plateau en vue d’un Kinescopage.

C’est une caméra dont la destination vidéo se fait facilement oublier. Cette caméra ressemble surtout à un outil voulu par les industriels pour imposer la vidéo comme unique outil de prise de vues.
Dans cette perspective, on nous présente la Genesis en la comparant à du 35 mm numérisé, c’est-à-dire patiné par une génération numérique ! Sans doute les industriels espèrent-ils que notre œil d’opérateur va finir par oublier le LA absolu. Nous sommes incités à perdre peu à peu la référence de l’argentique originel. À force de nous répéter que le signal électromagnétique est l’équivalent de l’argentique, nous risquons bien de finir par en être persuadés.
Il ne faut pas être dupe, ce sont les règles impitoyables du marché qui obligent Sony à fournir de nouveaux produits régulièrement. Et non une hypothétique demande des DOP en manque d’inspiration et épuisés par le 35. Si changement il doit y avoir, ce sera uniquement pour asseoir la domination des industriels et non celle des créateurs.