Benoît Rizzotti, un être d’exception

Par Denis Lenoir, AFC, ASC

par Denis Lenoir La Lettre AFC n°223

Ceux d’entre nous qui avaient eu la chance de rencontrer Benoît Rizzotti et de travailler avec lui savaient qu’il luttait depuis plusieurs années contre un cancer. Sa disparition récente m’a pourtant surpris, il se battait avec un tel courage que j’avais fini par le croire invincible.

J’ai connu Benoît sur le tournage d’Angel de François Ozon, François cadrait, comme toujours je crois, et m’imposait l’assistant avec lequel il aimait travailler, assistant qui devenait ainsi instantanément à mes yeux la créature d’Ozon, son homme lige, alors que, puisque je ne cadrais pas et que de surcroît c’était le réalisateur qui cadrait, j’avais doublement besoin à côté de la caméra de la présence d’un homme de confiance.
Pour Benoît lui-même la situation n’était pas simple non plus, il devait suffisamment à Ozon pour lui rester d’une fidélité sans faille et en même temps sa culture lui demandait la même loyauté envers le directeur de la photographie. Benoît se tira de cette délicate situation, d’autant plus délicate qu’entre Ozon et moi ce ne fut pas le grand amour, avec un calme et une élégance que je découvris très vite et dont je lui fus extrêmement reconnaissant. Ces qualités de cœur s’ajoutaient à un métier irréprochable et une bonne humeur constante, il devint pour moi une sorte de référence dans le monde des assistants opérateurs français.

Nous nous sommes retrouvés sur Carlos, malade depuis déjà quelque temps, Benoît avait déjà remporté des victoires importantes, il préféra toutefois ne pas faire la totalité du tournage, se faisant remplacer pour la partie " Liban ". Il me manqua.
Benoît donnait l’impression de trouver, comme Antée, de nouvelles forces quand un nouveau coup le jetait à terre, gagnant chaque fois plus de sagesse, plus de générosité. La maladie qui finalement l’emporta ne cessa jamais de le grandir, c’est un être d’exception qui est mort, que nous perdons.