Bordeaux se met au tout-numérique

par Nicole Vulser

La Lettre AFC n°181

Dans la foulée de leur congrès annuel des exploitants, qui s’est tenu cette année à Bordeaux, le ban et l’arrière-ban des distributeurs français s’étaient donné rendez-vous, vendredi 3 octobre dans le Méga CGR, un multiplexe de quinze salles à Villenave-d’Ornon (Gironde). Ils venaient prendre un petit cours de cinéma numérique et voir comment fonctionnait le plus gros des multiplexes du circuit CGR, le troisième de France et pionnier dans cette transition technologique.

Court magistral sur les bienfaits du numérique par Jocelyn Bouyssy, directeur général de CGR Cinémas, visite des quinze cabines de projection (équipées aux deux normes, avec un bon vieux projecteur 35 mm et un matériel numérique), projection aux deux normes de Kung Fu Panda, de Mark Osborne et John Stevenson, diffusion en relief et avec lunettes de Fly Me to the Moon, de Ben Stassen, explication économique, présentation de publicité en 3D... rien ne fut oublié. Plus encore que la qualité de l’image, Jocelyn Bouyssy croit aux possibilités qu’apporte le relief. Pour preuve affirme-t-il, les spectateurs ont préféré voir Voyage au centre de la terre en 3D dans son circuit. Une technique qui permet aussi de changer plus facilement, sans transporter des bobines, un film (qui tient dans une boîte de DVD) pour le placer dans une plus petite salle s’il ne marche pas. De proposer un film en VF le matin dans une salle et le même en VO l’après-midi.

De revenir aussi à des distractions plus foraines, comme faire jouer la moitié d’une salle à des jeux vidéo contre l’autre moitié. Chaque spectateur doit montrer vers le plafond un carton rouge ou bleu qui lui a été remis à l’entrée de la salle. Animé par un bonimenteur, le match s’arrêta sur un score de 4-4. Le numérique permet aussi d’envisager de retransmettre des matches de football, des finales de tennis ou encore des opéras. Une hypothèse qui agace plus d’un spectateur qui aime le cinéma mais n’a pas du tout envie du reste. Aujourd’hui, CGR a déjà équipé en tout-numérique 108 de ses 387 salles, et vise toujours la barre des 300 avant Noël.

Lors du congrès des exploitants, Véronique Cayla, la patronne du Centre national de la cinématographie, avait promis que la transition vers le tout-numérique prendrait au moins cinq ans.

Nicole Vulser, Le Monde, édition du 7 octobre 2008