Cinémathèque : pataquès

par Antoine de Baecque

La Lettre AFC n°123

On se demandait si les nouveaux statuts, proposés par le ministère de la Culture, le Centre national du cinéma (CNC) et le nouveau directeur, Serge Toubiana, allaient être votés. Ils ne l’ont pas été, puisqu’il manqua 22 voix au quorum des deux tiers des présents nécessaires à l’adoption de la réforme statutaire. Sur les 271 présents, 171 se sont prononcés pour les nouveaux statuts, 70 contre et 30 n’ont pas pris part au vote.

Deux points de la réforme étaient sensibles, la nomination d’un commissaire du gouvernement auprès de la Cinémathèque et la création d’un comité financier commun avec le CNC, modifications renforçant le rôle de l’Etat au sein de l’institution, association indépendante (Libération d’hier).
Les 22 voix manquantes ouvrent une crise, puisque le ministre de la Culture, Jean-Jacques Aillagon, et le directeur du CNC, David Kessler, avaient lié les subventions gouvernementales (80 % du budget de la Cinémathèque) à l’adoption de ces nouveaux statuts.
Le directeur général, Serge Toubiana, voit sa marge de manœuvre entamée. Surtout, le personnel de la Cinémathèque voit poindre le spectre d’une disparition possible, sans finances et sans appui de l’Etat. Comme l’a dit le représentant CFDT : « L’Etat reste notre seule sécurité. »

Nostalgie. Pour le moment, la coalition des mécontents a pris le dessus, alliance hétéroclite des petits déposants de films, des proches du président démissionnaire, Jean-Charles Tacchella, et d’adversaires de Toubiana. Ce qui les lie : une nostalgie du combat de Langlois, fondateur de la maison, contre « la mainmise de l’Etat ».
Hier soir, il était question de réviser la copie pour la soumettre au vote lors d’une AG extraordinaire en septembre.
(Antoine de Baecque, Libération, 25 juin 2003)