Décès de Michel Bubola, chef électricien, un rayon de soleil nous manque

Par Marie Spencer, AFC

par Marie Spencer Contre-Champ AFC n°340

C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris que Michel Bubola était décédé le 15 février dernier. Il avait 59 ans. Il est parti beaucoup trop tôt. Il a été mon chef électro pendant plus de 14 ans. C’était un homme très attachant, ô combien talentueux !, passionné de cinéma et de lumière, bon vivant, excellent cuisinier, hôte exceptionnel.

Il recevait tout l’été avec joie tous ses proches chez lui. Excellent maçon, il avait construit de ses mains, allant chercher chaque pierre dans la montagne, une merveille de maison dans les Corbières.
Je l’ai rencontré grâce à Dominique Perrier, actrice, réalisatrice. Je lui avais décrit le chef éléctro dont je rêverais, elle m’avait rappelée et mit Michel sur ma route.
Nous nous sommes rencontrés et comme une évidence avons travaillé 14 ans ensemble.
Michel m’a accompagnée comme personne dans mes recherches de lumière.
Il adorait voyager, nous avons fait deux road-movies inoubliables réalisés par Jean-Marc Brondolo pour ARTE, l’un de Paris à la Laponie, l’autre de Paris au désert d’Atacama, au Chili.
Nous avons eu la joie de tourner le film poétique de José Hayot et Patrick Chamoiseau en Martinique, de filmer Angelin Preljocaj, dans son Pavillon Noir à Aix sous la réalisation de Pierre Coulibeuf, deux longs métrages de Pascal Bonitzer, Je pense à vous et Le Grand alibi, un téléfilm très attachant d’Ahmed et Zakia Bouchaala, Belleville tour, Drumont et Dans la tête d’un juré, d’Emmanuel Bourdieu, autant de films surprenants, uniques en leur genre.

Il a connu tous mes enfants, les deux premiers dont j’étais la belle-mère et puis les nôtres, en tournage, dans mon ventre, et en vacances, après, plus grands, chez lui où il nous accueillait les bras ouverts et nous faisait découvrir avec joie de fabuleux endroits.
On a tout traversé, les pays, les styles différents, les finalités diamétralement opposées, des longs métrages, des téléfilms, des séries, des courts métrages, des films avec des artistes, quelques pubs et clips, des docu-fictions réjouissants réalisés par Pascal Forneri, lui aussi parti l’an dernier, trop tôt.
Michel parlait espagnol, portugais, se débrouillait en anglais et de toutes manières, il se serait fait comprendre dans tous les coins du monde. C’était une personne généreuse, courageuse, qui aimait rire et s’amuser et travaillait avec rigueur. Il s’est toujours entouré d’électros à son image, joyeux, humains, passionnés.

Michel Bubola sur le tournage de "L'Assassinat d'Henri IV", de Jacques Malaterre, photographié par Sabine Lancelin - Photo Hadrien Ricol
Michel Bubola sur le tournage de "L’Assassinat d’Henri IV", de Jacques Malaterre, photographié par Sabine Lancelin
Photo Hadrien Ricol

Plus particulièrement aujourd’hui, je pense à Rico Pailley, Loïc Limousin, Hadrien Ricol, Baptiste Imbert, Guillaume Lemerle, Luc Sarrail, et à sa maman et sa famille qu’il aimait tant.
À chaque rayon de soleil qui atteint mon visage depuis jeudi, au milieu de cet hiver que, souvent, je trouve trop long en février, je me dis que c’est Michel.
Mon fils Romane, qui l’a bien connu, m’a dit ces mots : « Tu te rends compte, maman, depuis hier Michel connaît le mystère d’après la mort », et après un long silence : « Je pense qu’il s’est réincarné en panda ou en hermine des neiges, tranquille dans une nature sauvage ».
Michel, soit en paix là où tu es, tu nous manques, tu as été merveilleux avec nous, on t’aime.
Marie, Romane, Garice et Madone

Messages

  • Michel laisse un grand vide et une immense tristesse mais aussi des souvenirs incroyables. J’ai une pensée particulière pour mes amis Hadrien Ricol et Baptiste Imbert qui ont été très proches. C’est avec Michel que nous avons fait nos premières armes, il incarnait la passion et l’engagement pour un métier difficile dont il en faisait un art. Je le revois casser un miroir pour créer des éclats de lumières ou faire des patchworks de gélatines de couleurs. Son ingéniosité et sa créativité resteront ancrées en moi et notamment une phrase de lui “… peu importe la méthode, le plus important c’est ce qui s’imprime dans ce petit cadre.” Au revoir, Michel.