Démission du président de la Cinémathèque française

par Nicole Vulser

La Lettre AFC n°121

Avec l’agrément du ministre de la culture, les coprésidents ont nommé Serge Toubiana à la direction de l’institution. Précisément ce que refusait l’ancien président.
« J’avais reçu, lors du conseil d’administration du 25 avril, un ultimatum de la part du représentant du CNC et du ministère de la culture », a indiqué Jean-Charles Tacchella « m’intimant de nommer, avant le 28 avril, le directeur général choisi par le ministre : Serge Toubiana. Faute de quoi, le budget alloué à la Cinémathèque par l’Etat ne serait pas renouvelé. C’est en raison des méthodes utilisées par l’Etat que je démissionne. Je ne veux pas être aux ordres du ministre, mais je ne veux pas non plus amputer le budget de la Cinémathèque de 80 %. »

Pour sa part, le directeur général du CNC, David Kessler, souligne : « Le ministre a confirmé à la fin de l’année dernière le prochain déménagement du 51, rue de Bercy, en y posant trois conditions : un équilibre des comptes - ce qui s’améliore depuis deux, trois mois ; une évolution des statuts - qui n’attend plus qu’un feu vert de l’assemblée générale fin juin ; et la mise en place d’une direction générale stable et crédible. »

Depuis le départ forcé de Peter Scarlet en juin 2002, la direction générale était assurée, par intérim, par Patrick Bensard.
Les salariés de la Cinémathèque ne cachaient pas un véritable soulagement après l’annonce du départ du président.
Depuis des mois, le fossé s’était gravement creusé entre le personnel et les dirigeants. Ils mettaient en cause l’absence d’idées et, de façon plus générale, la stratégie de la direction.
Le 4 avril, ils avaient approuvé à la majorité un texte très dur, épinglant une nouvelle fois « les choix de gestion désastreux effectués par la direction et la présidence », son « absence de vision, de projets et d’ambition » ou encore « la liquidation programmée d’activités essentielles ».
La nomination du nouveau président est prévue pour l’assemblée générale de l’association, le 24 juin.
(Nicole Vulser, Le Monde, 30 avril 2003)