Dernière séance à la Cinémathèque française

par Nicole Vulser

La Lettre AFC n°141

Depuis qu’Henri Langlois et Georges Franju ont donné naissance à cette association, en 1936, pour conserver, restaurer, montrer des films et enseigner le cinéma, elle a déménagé de nombreuses fois dans Paris. Passant notamment de l’avenue de Messine - où se rencontrèrent au début des années 1950 François Truffaut, Jean-Luc Godard, Jacques Rivette et Eric Rohmer -, à la rue d’Ulm en 1955, la Cinémathèque s’est installée au Palais de Chaillot le 5 juin 1963, grâce à des crédits alloués par André Malraux. C’était devenu " la salle mythique ", à laquelle s’est ajoutée, en 1997, celle des Grands Boulevards.

La concurrence entre la Cinémathèque et les salles parisiennes qui proposent aussi des films de patrimoine, des rétrospectives, des cycles thématiques, s’est considérablement accrue. Bousculée par cette concurrence, la Cinémathèque voit le nombre de ses spectateurs stagner dans une fourchette à peu près stable depuis une dizaine d’années, ne perdant certes pas de terrain mais n’en gagnant pas non plus (116 008 entrées en 1995, 90 760 en 2000, 115 177 en 2004). Installée dans son nouveau lieu plus ouvert à l’art contemporain, elle devra se réinventer pour repartir à la conquête du public.
(Nicole Vulser, Le Monde, 26 février 2005)