En souvenir de Nicole Lubtchansky
Nicole,
Vendredi, tu n’as pas répondu à nos appels,
Une ellipse
Comme au montage, quand le film n’en finit pas de finir, et que brutalement, par effet de surprise, on met fin au cheminement du récit.
Une coupe trop nette, trop tranchante et violente
Une coupe silencieuse
Ton histoire s’est arrêtée là, nous laissant perdus.
C’est ainsi que tu es partie
C’est ainsi que je te vois
Que je t’ai toujours vue
Sur un fil tendu et droit
Absolument juste,
Ne cédant à aucune école, aucune mode, aucune pensée d’emprunt.
Libre et juste
Lucide.
Quand je travaillais avec toi, tes mots, ta beauté, ton calme rendaient ces moments sacrés
Choisir, couper, coller, ranger, prendre à pleines mains la vie du film et littéralement le porter dans nos bras.
J’aimais ces voyages au long cours avec toi
Parce que tu étais sans indulgence, et que tu savais transmettre le plaisir d’être dans l’ombre, le plaisir de la matière et celui du surgissement patient du film.
Et quand tu disais Jacques, Pierre, Nadine, Eduardo, Juliet, Bulle, Danielle, Jean-Marie
Ils étaient là, immédiatement, dans un cercle magique, un complot heureux et vivant que tu convoquais.
Et Willy – Natacha et Irina, tes lumières.