Espoirs et craintes face à la caméra numérique

par Thomas Sotinel

La Lettre AFC n°111

Mercredi 15 mai, le Festival, France-Culture et Le Monde avaient invité onze cinéastes (et uniquement des cinéastes) à partager leurs expériences, leurs espoirs et leurs craintes face à la digitalisation du cinéma.
De cet échange est d’abord ressorti l’inégal partage de l’expérience numérique. Les considérations matérielles ne sont pas le seul souci des cinéastes. Ils ont été plusieurs à évoquer le vertige qui les saisit au bord de l’abîme de possibilités que leur offrent les techniques numériques. La première expérience de cet étourdissement a été éprouvée au montage où le geste de couper et de coller la pellicule supposait un choix mûrement réfléchi, alors qu’un geste numérique n’est jamais définitif.

Ces débats se nourrissent aujourd’hui d’une somme d’expériences sans cesse croissante, et s’alimentent de la conscience qu’ont tous les cinéastes de l’inéluctabilité, un jour ou l’autre du passage au numérique. En revanche, les questions que soulève la diffusion numérique sont encore restées à l’arrière-plan. Seule Catherine Breillat s’est inquiétée du danger que pourrait représenter la conjonction de la diffusion du cinéma en numérique et de la doctrine du Copyright, qui fait de l’œuvre la propriété du producteur plutôt que celle de l’auteur.
(Thomas Sotinel, Le Monde, 17 mai 2002)