Exposition Vivian Maier, au musée du Luxembourg

Contre-Champ AFC n°326

Organisée par la Rmn - Grand Palais et diChroma photography, en collaboration avec la Collection John Maloof, Chicago et la Howard Greenberg Gallery, NY., l’exposition Vivian Maier donne à voir une œuvre aux thèmes multiples choisis pour raconter son temps. Les autoportraits, scènes de rue, portraits, films, planches-contacts et tirages modernes ou d’époque présentés jouent avec les ombres, les reflets, les miroirs, mettant en valeur le regard de la photographe.

Jeux cinétiques, faux semblant et cinéma
C’est au début des années soixante, alors que Vivian Maier est installée chez la Famille Gensburg sur les rives du lac Michigan, que s’opère un changement dans son langage photographique. Son rapport au temps se modifie, et le cinéma commence déjà à s’insinuer et prendre le pas sur la photographie. Le mouvement s’installe dans l’image. Elle joue avec les temporalités en créant des séquences cinétiques, comme si elle transposait les spécificités du langage cinématographique dans celui de l’image photographique. Elle a recours à la fragmentation et à la répétition pour simuler le mouvement et à la simultanéité pour indiquer le déplacement et la durée. Elle crée de véritables séquences filmiques avec les douze vues de son appareil Rolleiflex, générant alors l’idée d’un développement linéaire de "l’espace-temps" propre au cinéma. Cette période sera fondamentale dans l’évolution de son travail car il marque un lieu de passage entre deux langages qui n’auront dès lors de cesse d’établir des correspondances et d’être en constante relation dans son écriture visuelle.

Après cet intervalle cinétique, Vivian Maier aborde de plein pied le langage cinématographique dès le milieu des années soixante. Elle filme ce qui est en train de se passer devant elle et qui échappe à l’œil nu. Elle filme de manière frontale, sans artifice ni montage cette réalité qui se présente à elle. Le film en soi ne restitue pas seulement ce qu’elle voit mais il informe aussi de sa manière de regarder. En ce sens, il matérialise et rend visible sa vision, le déplacement de son regard, son cheminement dans l’espace, et prend la forme d’un documentaire expérimental. Le cinéma devient alors un outil de vision qui précède l’image photographique. En effet, à cette époque, lors de ses déambulations urbaines, Vivian Maier emporte avec elle sa caméra Super 8 et son Rolleiflex. Elle commence par filmer comme s’il s’agissait d’un exercice du regard en quête de l’image photographique et dès que celle-ci se présente, elle troque sa caméra pour son appareil et capture l’image. Plusieurs correspondances donnant à voir cette double finalité du cinéma dans l’œuvre photographique de Vivian Maier sont ici présentées dans l’exposition. (Extraits du dossier de presse)

Exposition Vivian Maier
Jusqu’au 16 janvier 2022
Tous les jours de 10h30 à 19h, nocturne les lundis jusqu’à 22h
Musée du Luxembourg
19, rue Vaugirard, Paris 6e

Dans le portfolio ci-dessous, quelques photographies de Vivian Maier présentées dans l’exposition.