France boutique

« France boutique, c’est un peu tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le téléachat : la guerre du pouvoir des images et le petit écran, les coulisses de la télévision et les petits (ou gros) arrangements entre l’argent et la télévision. C’est un univers crû, sans concessions, tout en couleurs, aguichant et affriolant.
Le tournage fut dense, à cause d’un plan de travail compressé pendant la préparation (de 11 à 9 petites semaines) à cause d’une baisse soudaine de budget dû aux problèmes bien connus de Canal Plus !

Le tournage a eu lieu en novembre et décembre, une période où les jours sont les plus courts, à peine huit heures, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes, lorsque certaines séquences doivent se tourner sur plusieurs jours.

Avec Pierre-François Limbosch le décorateur, nous avons donc convenu d’occulter la lumière du jour et de construire des couloirs le long des grands décors, avec des fenêtres qui permettaient de distribuer une lumière du jour (tungstène) toujours sous contrôle. Recréant ainsi les conditions du studio sans perdre le caractère des décors naturels.
La palette des couleurs est basique, des couleurs franches, des couleurs primaires bien saturées dans les décors TV et les plateaux, et plus réalistes dans les " lieux de vie " (merci à Pierre-François Limboch). Au téléachat, il faut faire " plus riche " qu’on ne l’est, ne pas avoir peur du tape à l’œil, du clinquant.

J’ai utilisé de la Fuji, parce que j’avais besoin de la différence entre la 500 ISO (lumière du jour ou artificielle) pellicule réaliste, et la 400 ISO qui tout en conservant la saturation des couleurs permettait d’obtenir des rendus séduisants comme doivent l’être les produits du téléachat.

La mise en scène de Tonie est toute en nuances. Dans France boutique, les acteurs se croisent, se frôlent sans se voir, s’éloignent, disparaissent puis se retrouvent, se croisent et se frôlent à nouveau. Tout ce petit monde (remarquablement interprété par Karine Viard, François Cluzet, Judith Godrèche, Bernard Menez, Micheline Presle, Nathalie Baye... et beaucoup d’autres) est toujours en mouvement.

La mise en place pour déterminer, en même temps, les déplacements de la caméra et ceux des acteurs peut être assez longue parce que les champs sont toujours judicieusement " remplis ". La lumière aussi doit être souple et rapide, pour pouvoir se plier à des changements d’axe et à des retournements rapides.

Tonie aime regarder la progression du plan à la caméra avant de le tourner. Elle aime que la caméra " voit " sans coller à l’acteur, comme s’il y avait toujours une légère distorsion entre le déplacement de l’acteur et celui de la caméra. C’est cette succession de rencontres fortuites ente les mouvements des uns et des autres et la caméra qui donne sa grâce au film.

Film développé chez Eclair, étalonné par Jean Durand. Tourné à Paris, Montreuil et aux studios d’Aubervilliers. »