Jean Harnois

nous a quittés le jeudi 8 août dernier, à l’âge de soixante-six ans.

La Lettre AFC n°113

C’est sur les bancs de l’école de la rue de Vaugirard, de laquelle il sort en 1959, que Jean s’initie aux métiers de la prise de vues, avec quelques autres futurs opérateurs, Michel Deloire, Jean Monsigny, William Lubtchansky...
Il fait ses premiers pas près de la caméra en 1962 en étant le deuxième assistant opérateur de Sacha Vierny pour "Muriel ou le temps d’un retour" d’Alain Resnais. A ce poste, il seconde ensuite Henri Decæ, les frères Maurice et Roger Fellous, Michel Kelber... C’est avec "Playtime" de Jacques Tati, en 1966, qu’il travaille comme premier assistant auprès de Jean Badal, puis, durant cinq années, aux côtés de Sacha Vierny à nouveau, de Jean Penzer, et de bien d’autres chefs opérateurs dont Andréas Winding. Ce dernier donne à Jean sa première opportunité d’exercer, sur le tournage de "Paulina 1880" de Jean-Louis Bertucelli, ce métier de cadreur dont il ne lâchera plus le manche, ou mieux les manivelles, tout au long de plus de soixante films. En effet, débute pour lui une succession de collaborations que l’on qualifiera pour certaines de fidèles.
Fidèle, il a apporté son sens, son esthétique et sa mécanique du cadre à bien des directeurs de la photographie. Andréas Winding (6 films), pour commencer, avec qui il a fait cinq des six premiers films qu’il a cadrés, Etienne Becker (4 films) et aussi Ghislain Cloquet, Aldo Tonti, Walter Wottitz, pour évoquer d’abord ceux qui nous ont quittés. Et aussi José Luis Alcaine, Yves Angelo, François Catonné, Bruno de Keyser (3 films), Tonino Delli Colli (3 films), Robert Fraisse (5 films), Darius Khondji, Yves Lafaye (3 films), Pierre Lhomme, Sven Nykvist, Miroslav Ondricek, Philippe Pavans, Edmond Richard, Jean-François Robin, Witold Soboscinski, Luciano Tovoli (3 films), Charlie Van Damme, Bernard Zitzermann...
Fidèles également furent bien des réalisateurs à qui Jean a apporté sa contribution en tant qu’opérateur et en même temps, comme l’on dit habituellement, premier spectateur.
A commencer par Roman Polanski pour qui il fait le cadre de sept de ses films à partir de 1975, année du "Locataire". Et puis aussi Jean-Jacques Annaud, Luis Buñuel, Philippe de Broca, Peter Brook, Christian de Chalonge, Jean-Pierre Denis, François Dupeyron, Milos Forman, Francis Girod (8 films), Pierre Granier-Deferre (7 films), Agnieszka Holland, Gérard Oury (3 films), Claude Pinoteau, Yves Robert, Bertrand Tavernier...
Cadreur, voilà un métier que Jean avait fait sien, qu’il aimait particulièrement et que, le voyant, ces derniers temps, singulièrement mis en danger, il aimait encore plus défendre, contre vents et marées, aussi bien au syndicat des techniciens SNTPCT au sein duquel il a milité tout au long de sa carrière qu’à l’association des cadreurs, l’AFCP, devenue AFCF, dont il a participé à la création et dont il a en premier assumé la présidence.
L’AFC présente à sa famille et à ses proches ses très sincères condoléances. (Jean-Noël Ferragut)