La fabrication d’"Annette", vue par "La Septième obsession"

La revue de cinéma La Septième obsession consacre une partie de son numéro 35 – juillet-aout 2021 – à Cannes. Un article, intitulé "Fabriquer Annette - Au cœur du film", pose la question « Comment fabrique-t-on un tel film ? » et y répond après avoir rencontré Caroline Champetier (image), Erwan Kerzanet (son direct) et Nelly Quettier (montage).

Couleurs
Sensation de solitude renforcée par l’effort esthétique porté sur la nuit. Caroline Champetier rappelle combien « Leos Carax n’aime pas le bleu, surtout celui des années 1970-1980. D’ailleurs, dans Les Amants du Pont-Neuf (1991), les nuits sont plutôt noires, avec des éléments d’éclairages urbains. Dans Annette, nous n’avions pas uniquement de l’urbain. Il y avait différents décors. J’espère toutefois qu’il existe une cohérence entre les nuits. Mais à la lecture du scénario, j’ai compris comment le film n’était pas seulement une œuvre de nuit, mais plutôt un conte obscur et "bigger than life". Il fallait donc beaucoup de noir. C’est d’ailleurs fantastique pour un chef opérateur car à partir du noir on crée tout, c’est une base inouïe. » Caroline Champetier révèle également que la série de Nicolas Winding Refn, "Too Old to Die Young" (2019), fut une référence majeure pour le travail sur les couleurs : « Je trouvais la lumière un peu gratuite mais ce chromatisme est quand même très beau, la couleur est une énergie incroyable. Comme notre travail est toutefois de toujours diriger le regard, de concentrer l’attention du spectateur, il fallait choisir une couleur en particulier. Pour les opéras avec Ann [Marion Cotillard, NDLR], ce fut le bleu, pour Los Angeles, le rouge. Pour d’autres séquences, notamment le premier stand-up de Henry [Adam Driver, NDLR], Leos ne voulait pas de couleur du tout et ainsi conserver le naturel. Il avait envie de monter la peau, pour éviter une effet spectacle renforcé. Mais je dis tout ça, là maintenant, alors qu’en le faisant, tout est très intuitif ; jamais les choses ne sont si explicites avec Leos, on les devine. » [...]

(Propos recueillis par Thomas Aïdan, par e-mail et à Paris, en juin)

  • Lire la suite ("Script Tech", Humidité", "Marionnette", "Montage") dans la revue La Septième obsession, suivie des rencontres avec Erwan Kerza et Nelly Quettier, ainsi qu’avec Estelle Charlier et Romuald Collinet, marionnettistes de la compagnie La Pendue.
  • Consulter le site Internet de La Septième obsession.

En vignette de cet article, une des deux couvertures de La Septième obsession et la page 92 de la revue.