La justice américaine saisie par Hollywood de la censure des films

par Claudine Mulard

La Lettre AFC n°117

Ray Lines a fondé CleanFlicks il y a deux ans. Ce mormon de 42 ans, père de sept enfants, se charge de purger les films dans sa salle de montage d’un quartier de Salt Lake City.
Les produits CleanFlicks sont vendus et loués dans près de 80 points de vente implantés dans une vingtaine d’Etats, et sur Internet, avec cette étiquette sur la tranche de la cassette : This movie has been edited by CleanFlicks.

Seize réalisateurs qui s’étaient opposés à cette pratique - parmi lesquels Robert Altman, Robert Redford, Martin Scorsese, Steven Soderbergh et Steven Spielberg - sont " dénoncés " dans la plainte en justice de CleanFlicks.
En réponse, la Directors Guild of America a intenté un procès aux treize sociétés qui distribuent des films clean ou proposent des " logiciels de nettoyage " à usage domestique.

Hollywood se trouve dans une situation délicate quand il s’agit de défendre le droit des auteurs. Les censeurs mormons exercent un contrôle sur le montage final (le " final cut ") que les studios refusent aux réalisateurs.
Aux Etats-Unis, la propriété intellectuelle n’est pas détenue par le metteur en scène mais par les producteurs.
(Claudine Mulard, Le Monde, 20 décembre 2002)