La réponse budgétaire de l’Etat ne calme pas la grogne du cinéma

par Nicole Vulser

La Lettre AFC n°173

Le Monde, 16 janvier 2008

Destinée à redonner de l’oxygène au spectacle vivant dans un contexte financier tendu, la rallonge budgétaire de 34,8 millions d’euros, devra finalement être partagée avec le cinéma. Les principales victimes des arbitrages budgétaires en 2008, comme les petits festivals et les actions éducatives, pourraient récupérer 5 millions d’euros sur ce total.

Pas de quoi réjouir le spectacle vivant, pour lequel cette rallonge ne suffisait déjà pas à compenser le " gel " de 6 % de l’ensemble des crédits de la culture dans le budget 2008.
L’intégration du secteur cinématographique à la rallonge budgétaire qui ne lui était initialement pas destinée est une première réponse de la Rue de Valois à la menace de forte baisse des crédits déconcentrés accordés par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC). Celle-ci inquiète les organisateurs de festivals, les associations régionales de cinéma et les associations liées à l’éducation artistique, notamment en milieu scolaire.

Profession de foi
Le ministère apporte une seconde réponse aux problèmes budgétaires des festivals : une trentaine parmi les plus importants, comme ceux de Marseille (documentaire), de Clermont-Ferrand (courts métrages), d’Annecy (animation), de La Rochelle (films internationaux), seront désormais financés exclusivement par le CNC.
Grâce à la taxe supplémentaire appliquée aux nouveaux distributeurs de télévision, comme les fournisseurs d’accès à Internet, le fonds de soutien du CNC augmente. 1,5 million d’euros servira à maintenir le financement de ces gros festivals. L’incertitude reste entière pour des centaines d’autres petits festivals, dont le sort demeure lié à celui des DRAC.
Dans ce climat houleux, le ministère de la culture cherche à calmer le jeu et affirme que l’éducation au cinéma reste une priorité. Malgré cette profession de foi, aucune rallonge budgétaire dans ce secteur n’est envisagée avant 2009. Et l’assurance de la Rue de Valois que les budgets 2008 seront équivalents à ceux de 2007 ne suffit pas à rassurer les professionnels.

(Nicole Vulser, Le Monde, 16 janvier 2008)