Le Premier venu

Deuxième collaboration avec Jacques.
Un film produit par Artémis (Belgique)
Patrick Quinet, le producteur, a proposé à Jacques de tourner en H.D. Cette idée nous a tout de suite plu. Déjà parce que la HD permettait de gagner en profondeur de champ, surtout dans les intérieurs, ce qui est un concept important pour Jacques.

Comme je l’avais précisé pour Raja, son film précédent, Jacques est amené à placer un personnage proche de la caméra, l’incluant dans sa mise en scène comme un personnage qui joue, et non pas comme une simple amorce.
Et comme il souhaitait un film léger en lumière, et que les décors des chambres d’hôtels et des intérieurs des maisons étaient de " taille réelle ", c’est-à-dire un peu petits pour y faire rentrer une équipe de cinéma classique, j’avais compris que l’éclairage allait se réduire à un projecteur, collé au plafond, plafond bas d’ailleurs, et que ce projecteur, s’il fallait le travailler pour que la lumière soit, disons correcte, à l’arrivée, il ne resterait plus grand chose au niveau de la luminosité.
La HD nous a donc permis de tourner avec de la profondeur de champ, tout en gardant l’impression d’images lumineuses, nous avions opté d’ailleurs pour la Sony 900, qui est assez sensible.

Pour le reste, à nouveau un dispositif à deux caméras, comme pour Raja, sur travelling, la deuxième allant derrière un mur ou une porte lorsqu’elle était dans le champ de la première. Jacques n’a pas souhaité cadrer la 2e caméra, nous avons donc choisi de travailler avec Benoît Dervaux (cadreur notamment sur les films des frères Dardenne) pour cadrer la 2e caméra.
Les forts contre-jours des paysages de la Baie de Somme – nous avons eu un mois d’avril quasi ensoleillé – n’étaient pas une facilité pour le rendu en HD, ce qui nous a orienté vers des choix de placements de caméra, éviter également le soleil qui rentre dans les intérieurs des maisons, que nous aurions eu du mal à couper – les plages surexposées dans l’image en HD sont vraiment très moches – donc avoir la souplesse de pouvoir tourner une séquence plutôt le matin et non pas l’après-midi, si tout cela est anticipé, Jacques ne déteste pas ces contraintes, bien au contraire, elles font partie du tournage, si les problèmes ne se découvrent pas le matin même...

Le choix de la HD nous a conforté aussi dans l’idée de filmer les personnages " du mieux possible ", pour que leur présence dans le film soit évidente, et le choix des Zeiss Digiprime (très bonnes optiques) s’est imposé comme une condition à notre acceptation de tourner en HD et non pas en 35 mm. Avec un rendu des images que l’on voulait " nettes, transparentes et lumineuses ".
Le résultat est à mon avis convaincant quant à l’utilisation de la HD tout en restant dans des méthodes de prises de vues simples, pas de moniteurs sur le plateau, chaque caméra était équipée d’un Astro, et Jacques relisait les prises sur un watchman classique. Les deux Astro me permettaient de faire le diaph à l’oscillo et vérifier la couleur entre les deux caméras. (Je ne modifiais que très rarement la couleur, que nous avions pré-établie lors des essais)
Deux semaines d’étalonnage sur le Lustre. Puis le passage sur film, étape sans problème.

Équipe

Assistants caméra : Benoît Rizzotti et Amaury Duquenne

Technique

Prestataire : Overlord (Liège) pour les deux Sony 900, avec Zeiss Digiprime et Zoom Fuji
Eclairage : BNL (Bruxelles)
Postproduction : Overlord et Eclair