Le directeur de la photographie Fabien Faure s’entretient avec Panavision France sur son implication dans le tournage du long métrage "A l’ancienne", d’Hervé Mimran

par Panavision Alga Contre-Champ AFC n°359


Nous avons eu le plaisir de recueillir les propos du directeur de la photographie Fabien Faure, sur son implication dans le tournage du long métrage A l’ancienne, d’Hervé Mimran, sorti en salle en septembre dernier.

Comment avez-vous été impliqué dans le projet ?
Fabien Faure : Lorsque j’ai rencontré Hervé Mimran, il avait déjà lancé la préparation de son film, A l’ancienne, ainsi que des premiers repérages. Il devait trouver un nouveau chef opérateur rapidement, à la suite d’un désistement.

Des amis communs (Olivier Rosemberg, Emmanuelle Youchnovski, Mathieu Ouillon et Jennifer Devolder) nous ont rapprochés et permis de nous rencontrer.

Je connaissais aussi ses deux producteurs du film, Hugo Gélin et Igor Gotesman, même si nous n’avions pas travaillé ensemble directement. Hervé et moi avons pris un café, et nous nous sommes tout de suite très bien entendus. Il m’a dit qu’il s’intéressait avant tout à l’humain, à l’implication dans son projet et à la motivation des personnes impliquées.
J’ai tout de suite senti une vraie alchimie et un lien entre nos deux personnalités.

Crédit : Five Dogs - Zazi-Film - StudioCanal - M6-films


Comment décririez-vous le look du projet ?
FF : Le film se passe sur une petite île en Bretagne. Une histoire d’amitié entre deux personnages qui se connaissent depuis longtemps, dans un milieu simple et modeste. Il y avait une volonté de montrer ces paysages bretons assez contrastés, un peu austères, tout en restant dans le domaine de la comédie.
On voulait montrer des intérieurs sombres et denses, par rapport aux extérieurs plus lumineux, marqués par des ciels nuageux et changeants, tout comme la météo qu’on a pu avoir sur le tournage.

Y a-t-il des références visuelles particulières qui vous ont inspirés ?
FF : Hervé Mimran m’a prévenu et expliqué assez rapidement sa façon de travailler, sa vision pour préparer son film.
J’aime et j’ai l’habitude, de mon côté, d’arriver avec des images et des références, pour créer des "mood-boards", pour trouver l’ambiance du film et l’affiner avec la mise en scène en prépa.

Lui, au contraire, veut avoir de la liberté sur le plateau. Il aime s’adapter aux choses et aux contraintes de la vie, que l’on peut avoir sur le plateau et durant le tournage. Il aime découper le matin du tournage, sur le décor, avec son chef opérateur, sa scripte et son premier assistant mise en scène. Il n’aime pas planifier les choses en amont, pour ne pas être bloqué par la suite. Il a une grande confiance en ses différents chefs de poste, et est ouvert aux propositions.
Ça a été un très bon exercice de mon côté, ça m’a obligé à trouver des solutions rapidement, et à être très réactif sur le plateau. Ne pas se lancer dans de trop grosses installations, qui devaient pouvoir changer rapidement, et être assez réactif et souple sur le plateau.
Nous avions aussi pour contrainte technique et budgétaire de ne pas avoir de groupe électrogène. Il fallait avoir des sources lumineuses assez légères et une petite équipe technique.

Je me souviens d’avoir vu la version originale du film Walking Ned Devine au cinéma avec ma mère, en 1998, dont notre film est adapté.
Ayant des origines bretonnes et ayant l’habitude d’aller souvent sur l’Ile de Groix, où une partie de ma famille habite, j’étais évidemment proche et touché par cette histoire et ces habitants.

Crédit : Five Dogs - Zazi-Film - StudioCanal - M6-films


Qu’est-ce qui vous a amené chez Panavision pour ce projet ?
FF : Il y avait cette envie, d’Hervé comme moi, de faire le projet avec des objectifs anamorphiques dès le début. Nous voulions un rendu avec du caractère, assez marqué, mais réaliste et authentique, ni trop moderne ni vintage.

J’ai tout de suite pensé et voulu comparer les séries T, G et C de chez Panavision, que je connaissais grâce à Renzo (Laurent Tangy, AFC) dont j’ai été le 1er assistant opérateur pendant de nombreuses années.

J’aime et j’utilise régulièrement l’Arri Alexa. J’ai effectué un comparatif entre l’Alexa 35 et la Sony Venice 2.
J’avais besoin d’une caméra sensible car je devais être léger en lumière. La dynamique et la possibilité de choisir et de personnaliser la texture de l’image ont confirmé mon choix pour l’Alexa 35 très rapidement.
J’ai aussi comparé plusieurs séries d’optiques des séries T, G et C de Panavision avec les Cooke anamorphiques.
Là aussi, la série T s’est imposée très rapidement, grâce à son rendu et à son caractère, son côté doux et "sharp" en même temps. Sa compacité pour notre film, principalement à l’épaule, a été aussi un grand plus, ainsi que le nombre de focales que nous avions à disposition dans cette série.

Crédit : Five Dogs - Zazi-Film - StudioCanal - M6-films


Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir directeur de la photographie et qu’est-ce qui vous inspire aujourd’hui ?
FF : J’ai toujours été attiré très jeune par le cinéma et l’envie de participer et de raconter des histoires, d’utiliser la caméra comme moyen d’expression pour faire passer des messages et des émotions.
Assez rapidement, l’image s’est imposée à moi, et m’a conforté dans mes choix de carrière, au début comme assistant opérateur, puis comme directeur de la photographie.
Je suis attiré par les nouvelles rencontres, et j’aime pouvoir accompagner des réalisatrices et des réalisateurs, surtout dans leurs premiers films.
J’aime à chaque fois devoir me renouveler, construire et adapter ma collaboration par rapport à un réalisateur ou une réalisatrice face à ses attentes.