Les autres films de la sélection

par Agnès Godard

La Lettre AFC n°122

"Mille mois" de Faouzi Bensaisi, Maroc
Un film d’époque : le Maroc il y a 20 ans, chronique familiale.
De belles images d’Antoine Héberlé, une mise en image et une mise en scène utilisant avec talent le format scope pour un film très personnel aux tons multiples : tristesse, violence et humour.
On y voit sans aucun doute le travail d’un metteur en scène déjà fortement dessiné.

"Elle est des nôtres" de Siegrid Alnoy, France
Très construite, très maîtrisée l’histoire de cette femme qui veut se faire "adopter" par la communauté humaine.
Une forme tirée au cordeau - cadre et lumière de Christophe Pollock - pour un film qui sait déjà compter avec sûreté sur le champ et le hors champ et une bande son d’un incroyable support. De très bons interprètes pour une vision certes assez triste.
Une réserve toutefois pour le rôle principal féminin qui si elle est épatante est un peu trop en pléonasme avec le sujet, le vidant de sa chair.

"Depuis qu’Otar est parti" de Julie Bertuccelli, France
Une magnifique plongée en Géorgie réunissant trois femmes de génération différente.
L’aisance la sensibilité et l’apparente facilité pour explorer cette famille en font un film débordant d’intimité. Les trois interprètes sont formidables.
J’ai regretté une faiblesse de scénario qui escamote un peu la fin du film.

"Qui a tué Bambi" de Gilles Marchand, France
Le travail de l’image et du cadre est somptueux (Pierre Milon). L’actrice principale à remarquer.
Pourtant le suspens n’arrive pas à éclore. Alors qu’on devrait avoir peur, on est comme glacé.

"La Grande séduction" de Jean François Pouliot, Canada
S’il y a eu une salle présente et bruyante, c’est bien celle de "La Grande séduction" sous le charme précisément de ce film amical, sympathique, au sujet original : un village de pêcheurs de 150 habitants organise la séduction d’un homme, médecin et citadin, afin qu’il élise domicile dans l’île perdue (condition pour qu’une usine puisse s’installer).
Le charme est là, le rire aussi...

Je regrette de ne pas avoir le courage de parler des autres films.
C’est certainement injuste parce qu’il y en d’autres encore dont la sélection m’a étonnée (sentiment partagé par l’ensemble du jury). Je ne le fais pas parce que je le ferais mal, mais parce que je suis en repérage à l’autre bout du monde et parce que je ne suis pas rompue à cet exercice pour le faire avec aisance et humour.
Je tiens à remercier ici Claire Marquet pour sa présence toujours sûre et amicale ainsi que Kodak pour son soutien et son accueil chaleureux.