Les déplacements étaient terribles sur Himalaya, l’enfance d’un chef

La Lettre AFC n°125

E. G. : Eric (Valli) se balade avec son appareil photo, alors il sent bien la lumière, par contre il ne pouvait pas imaginer ce que représentait une structure de fiction. Le temps de se retourner, il était déjà à 200 mètres.

Or ces deux cents mètres, je mets longtemps à les atteindre, donc c’était tout ça qui n’avait pas été pensé en termes de préparation. Si Eric refaisait un film dans des conditions aussi difficiles, il aurait une vision beaucoup plus juste du tournage. Les déplacements étaient terribles sur Himalaya, certains duraient une semaine à pied. Et lorsque les gens arrivent, ils sont vraiment fatigués et cassés. Mais fabriquer des images, ce n\’est pas une aventure, c’est un travail laborieux qui nécessite beaucoup de réflexion. Quand vous avez 6 tonnes de matériel à déplacer, rien que pour plier le camp, et se mettre en route, il faut une journée. Après, il y a la chance, c’est vrai.
Nous étions presque tout le temps à 4 500, 5 000 mètres et pour la séquence de la chute du yack, on a été obligés de redescendre à 3 500 mètres. La grosse difficulté de ce décor, c’est que le lac est entouré d’arbres. Or dans l’histoire, l’enfant n’a jamais vu d’arbres. Certains axes nous étaient donc absolument interdits. D’où une contrainte supplémentaire à la fois pour le metteur en scène et pour nous évidemment en termes de lumière. La deuxième chose c’est l’axe de lumière : l’orientation du chemin faisait qu\’il n’était éclairé que jusqu’à midi. Donc on ne pouvait tourner qu\’entre 6 heures du matin et midi. Après il fallait trouver d’autres astuces pour pouvoir continuer à travailler dans la mesure où, bien sûr, on n’a plus le raccord lumière. La troisième chose, c’est que dans les reflets d’eau (Photo 2), on aperçoit du vert, de la verdure.
La construction qui était nécessaire pour faire tomber le yack dans l’eau prenant deux jours, on est parti tourner la fin de la séquence dans un autre décor, au bout du lac et en partant à pied (il fallait une journée de marche) on s’est aperçu que le lac changeait de couleur, la fonte des neiges colorait l’eau en vert.

P. L. : Est-ce que quelqu’un s’en était aperçu ? Un spectateur ?

E. G. : Non, c’est une angoisse d’opérateur.

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