Les projectionnistes des cinémas UGC menacés par le passage au numérique

Par Chloé Baïze

La Lettre AFC n°200

Le Monde, 13 juillet 2010

Panique dans les salles obscures ce week-end. Une grève nationale organisée par les projectionnistes a paralysé le groupe UGC, deuxième réseau de cinémas en France. A Paris, à Lille ou encore à Nantes, le mouvement a perturbé plusieurs séances de cinéma, dans une quinzaine de salles, samedi 10 et dimanche 11 juillet. Cette mobilisation fait suite à celle du 30 juin dernier, qui avait aussi bloqué certains complexes.

A l’origine du mouvement, l’annonce par le groupe de la suppression de 95 postes de projectionnistes sur 215 au total d’ici six mois, ainsi que des reclassements de postes à prévoir. « Nous réclamons vingt postes supprimés en moins, des reclassements à temps plein et une meilleure prise en charge des licenciés », plaide Corinne Raffini, de la CFDT.
L’année 2010 a été marquée par l’explosion et le succès des films en 3D, qui nécessitent le passage des bandes 35 mm au numérique. Les cinémas UCG, qui n’étaient pas équipés au moment de la sortie, le 16 décembre dernier, d’Avatar, le film phénomène de James Cameron qui a rapporté 2,7 milliards de dollars depuis sa sortie fin 2009, comptent bien rattraper leur retard. Depuis le 24 mars dernier, plus d’une dizaine de salles sont désormais équipées.

« Les cinémas auront toujours besoin de nous »
Or, cette évolution contraint le groupe, selon la direction, à se séparer de plus de la moitié de ses projectionnistes. Affirmation que contredit Claude Froissard, projectionniste à L’Orient-Express des Halles, interrogé lundi par Le Parisien : « Les cinémas auront toujours besoin de nous […], il faudra toujours faire de la maintenance. Un nettoyage des différents filtres et ventilateurs sera toujours nécessaire. »
Selon Corinne Raffini, « UGC ignore totalement combien de postes seront nécessaires une fois le passage au tout numérique réalisé. Leur plan de licenciement est donc autant inadmissible qu’irréaliste. »
L’autre inquiétude, qui a poussé les projectionnistes à manifester ce week-end, est le reclassement à venir. Le plan de « sauvegarde de l’emploi » prévu par la direction ne dit rien aux employés d’UGC sur l’avenir de leur métier et tous craignent une dévalorisation de leurs postes. Les projectionnistes ne disposent que de six mois pour trouver une autre formation. Ceux qui proposeront un projet dans un délai de deux mois seulement pourront disposer d’une prime de départ de 15 000 euros.

(Chloé Baïze, Le Monde, 13 juillet 2010)