Lignes de front

Un film tourné à Kigali, au Rwanda, par Jean Christophe Klotz, ancien caméraman reporter lors des évènements de 1994. Il avait imaginé tourner le film en Super 16, afin de se détacher complètement de " la vidéo ", et de ses souvenirs de journaliste.

Sa productrice Yaël Fogiel souhaitait que nous fassions des essais en HD, vu les bons résultats qu’elle avait obtenus sur son précédent projet.
Nous sommes donc allés en repérages avec une 950 sous le bras. Filmer dans un pays d’Afrique noire, sous l’équateur, n’était pas forcément l’endroit adéquat pour ce genre de support (fort contraste, peaux noires, soleil un peu écrasant...)
Les hypergammas en permanence activés, les " black-level " en position " high ", pas de zones surexposées (même un petit nuage blanc dans le ciel était " calmé " à la prise de vues). Et les essais après étalonnage et retour sur film ont été très concluants, la décision d’éviter le " trop de profondeur de champ ", et le choix était fait.

Dans le scénario, il y avait des scènes qui devaient se passer dans une pénombre absolue, dans la campagne, puis lors de l’arrivée à Kigali, où les voitures roulaient à cette époque avec les phares éteints pour ne pas se faire repérer. Une simple lampe de poche d’un soldat pouvait devenir tout à coup ultra puissante, en comparaison avec le niveau de la nuit autour. Seules quelques lumières de lance-roquettes pouvaient éclairer les lieux. Et les deux personnages dans leur chambre devaient également rester dans une demi pénombre afin de ne pas être localisables de l’extérieur... Ce qui devenait donc un terrain de prédilection pour la HD, support qui répond plutôt bien dans les basses lumières.
Et comme à l’œil, tout éclairage nous paraissait beaucoup trop fort, je suis allée assez loin dans l’effet " pénombre ". Peut-être un peu trop loin je crois... si j’avais donné un peu plus de luminosité pour l’étalonnage, ça n’aurait pas été plus mal... mais bon, il n’y a pas à regretter... Et pour les scènes de jour, diminuer au maximum le contraste, " maîtriser " ces fameuses hautes lumières, avec des cadres qui diffusent, des draps blancs sur les murs, et des cadres de tulles aux fenêtres...

Tous les plans subjectifs du personnage principal (Jalil Lespert) ont été tournés par Jean-Christophe, car lui seul pouvait recréer les mouvements de caméras typiques des reporters journalistes avec toutes " leurs manies de filmage "...
Les intérieurs ont été tournés en région parisienne, dans une usine désaffectée. Avec des sacs de sable et du dépoli aux fenêtres pour cacher les raccords avec l’extérieur.
Beaucoup de caméra à l’épaule dans les scènes d’actions, et aussi pas mal de travellings.
L’étalonnage s’est effectué chez Sylicone, en mon absence, due à des indisponibilités de ma part, mais totalement pris en main par Isabelle Laclau, avec un goût qui s’est révélé être très proche du mien. Et je la remercie sincèrement pour tout son travail.
Le passage aux copies positives s’est fait chez Arane également en sa présence.

Assistant opérateur : Fabrizio Dörig (pour la partie rwandaise) et Frédéric Serve (pour la partie française)
Chef électricien : Emmanuel de Morgon
Chef machiniste : Thierry Crepin

Technique

Matériel de prises de vues : Tatoo (Sony 950 au Rwanda et Sony 790 en France)
Matériel lumière et machinerie : TSF
Etalonnage : Sylicone, Isabelle Laclau
Retour sur film : Arane, Sophie Lustière