Messier, suite et certainement pas la fin !

La Lettre AFC n°106

Car cela fait des mois que les symptômes de crise pointent : procès fait par Georges Benayoun (producteur indépendant) à Canal et à Sarde, désinvestis d’un projet pourtant garanti par signatures. Petites phrases internes à Canal laissant entendre que le métier de producteur du cinéma français n’a plus d’avenir. Désinvestissement en cours sur diverses productions en chantier. « Cela ressemble à une politique concertée. Canal est en train de profiter de l’effet Messier pour faire passer toute une série de retraits financiers. Un peu comme après les attentats du 11 septembre, les compagnies aériennes ont licencié massivement en jouant sur l’effet de déroute », analyse un directeur de production.

La vraie stratégie Messier se dessine dans les accords passés au printemps entre Canal et Europa, la société de Luc Besson : ce qui l’intéresse désormais dans le cinéma français n’est pas sa « culture », sa « diversité » encore moins ses « auteurs », mais ses seuls succès, en import comme en export. Ce rêve hollywoodien pourrait être le pire cauchemar du cinéma français. Et Messier, en souhaitant ce cinéma-là, se paie en France un miroir de son fantasme d’Amérique.
(Libération, 2 janvier 2002)