Nouvelle cuisine

par Philippe Azoury

La Lettre AFC n°137

La restauration, au sens désormais numérique du terme, est une technique (qui offre sa part d’avantages et de limites) autant qu’une idéologie : celle de la plus belle image, entendez l’image la plus propre. Une image nettoyée, aseptisée.

La sortie en salle, la semaine prochaine, d’une nouvelle copie haute définition (HD) des Quatre cents coups de François Truffaut pouvait être l’illustration de tous ces tics. Surprise : le travail mené par les techniciens de Scanlab et Rahma Goubar, responsable technique au sein de MK2, est le fruit des enseignements des erreurs passées. Le son mono a donc été respecté, le travail sur les noirs et les gris s’approche au mieux de la qualité du celluloïd par la grâce d’un réétalonnage scrupuleux, pour obtenir une image douce tout en conservant les noirs.

Les premières expériences de numérisation ont en effet parfois relevé de l’attentat esthétique : qui a vu Le Crime de Monsieur Lange restauré avec un son " digne " et " bien fait " sait de quoi on parle.
L’affadissement des contrastes était un autre problème quasi général : la télédiffusion d’un DVD et la projection en salle d’une copie celluloïd, même restaurée numériquement, n’appellent pas les mêmes critères lumineux. Et les films restaurés pâtissent manifestement d’une échelle de valeur chromatique très " lavande " destinée à la seule consommation domestique.
(Philippe Azoury, Libération, 13 octobre 2004)