Peter Suschitzky, BSC, ASC à l’honneur du Festival "Manaki Brothers"

La Lettre AFC n°190

Lors de la 30e édition du Festival international d’image de films " Manaki Brothers ", qui se déroulera du 26 septembre au 3 octobre 2009 à Bitola (République de Macédoine), le directeur de la photographie britannique d’origine polonaise Peter Suschitzky, BSC, ASC sera à l’honneur en recevant un prix pour l’ensemble de son œuvre.

Né à Varsovie en 1941 d’un père lui-même directeur de la photographie, Wolfgang Suschitzky, il émigre avec sa famille à Londres puis vient suivre à Paris des études de cinéma à l’IDHEC. Il y apprend de l’un de ses professeurs, le directeur de la photographie Jean-Pierre Mundviller (l’un des opérateurs du Napoléon d’Abel Gance), le b a-ba du cadre et de la lumière, allant, par exemple, de comment débuter et terminer un plan, prendre une photo de ce que l’on est en train de tourner, jusqu’à comment changer la caméra de place et entamer un nouveau plan.
« Pour un étudiant de l’époque, cela me semblait une perte de temps, au moment où la Nouvelle Vague française voyait le jour. Ce furent pour moi des moments précieux : ces premiers cours, qui me semblaient difficiles à mettre en pratique, m’ont cependant permis de penser rétrospectivement à mes collègues des premiers temps du cinéma, quand tout était effectué à la caméra, ceux-là mêmes qui ont été amenés à prendre des décisions que l’on a plus à prendre aujourd’hui. Ce qui m’inspire le plus grand respect pour cette période du cinéma muet.
Mundviller est mort quelques années après que j’aie suivi ses cours, mais l’expérience que j’ai acquise auprès de lui me donne l’impression d’avoir serré la main de l’un des premiers témoins de la naissance du cinéma. »

Après ses études à Paris, à l’âge de 19 ans, Peter Suschitzky fut le " préposé au clap " de vingt-deux cadreurs. Sa carrière d’opérateur se partage en deux : d’une première période, celle de ses débuts, du milieu des années 1960 aux années 1970, émergent une dizaine de films qui peuvent d’ores et déjà servir de référence aux films d’anthologie de la grande cinématographie britannique ; la deuxième comprend les huit films qui vont révéler la collaboration entre un réalisateur, en l’occurrence le Canadien David Cronenberg, et son directeur de la photo.
A la sortie de l’IDHEC, de 1962 à 1965, Peter Suschitzky tourne une bonne dizaine de courts métrages parmi lesquels The War Game, documentaire de fiction en noir et blanc de Peter Watkins ayant obtenu l’Oscar du meilleur documentaire en 1967. Après avoir entamé cette même année sa carrière de directeur de la photographie – une quarantaine de films à son actif – avec Charlie Bubbles du comédien et réalisateur débutant Albert Finney, il travaille avec de nombreux réalisateurs britanniques dont, entre autres, John Boorman, Joseph Losey et Ken Russell. Pour ses images de Valentino de Ken Russel, Peter Suschitzky a été nommé en 1967 pour la meilleure photographie aux BAFTA Film Awards et par nos confrères de la BSC.
(Traduit de l’anglais par Jean-Noël Ferragut)