Polémique sur l’ouverture d’un complexe multisalles à Nantes en 2003

par Jacques Le Brigand et Nicole Vulser

La Lettre AFC n°115

Le cinéma en tête d’affiche à Nantes, cela devient une habitude. La ville de Jacques Demy accueillera en septembre 2003 le premier complexe multisalles créé par une enseigne de la grande distribution, Leclerc. Les cinq salles de Ciné Pôle Sud compteront 797 fauteuils, une capacité qui l’exonère d’un passage en commission départementale d’équipement cinématographique (CDEC).
Ciné Pôle Sud sera implanté sur la commune de Basse-Goulaine, au sud de Nantes, un secteur sous-équipé en matière d’offre cinématographique. L’objectif est d’atteindre 350 000 entrées par an.
Leclerc prend de vitesse l’exploitant rennais la Soredic, qui cherche depuis plus de deux ans à ouvrir à Saint-Sébastien-sur-Loire, également près de Nantes, un Cinéville, à proximité d’un centre commercial.

L’initiative de Leclerc suscite une vive polémique dans la profession. Selon le président de la Fédération nationale des cinémas français (FNCF), Jean Labé, « c’est la première fois que l’on est confronté à un problème de ce type. Il s’agit, pour Leclerc, de la volonté de dynamiser un centre commercial. Ce qui n’implique pas le même souci de rentabilité que celui auquel sont soumis les autres opérateurs de cinéma. Le cinéma ne doit pas être considéré comme un produit d’appel ».
Il ajoute : « Avec moins de 800 places, le cinéma Leclerc n’est tenu à aucun engagement en matière de diversité des films. De plus, après un délai de cinq ans, il peut, sans agrément, passer à 1 500 fauteuils. »

Le ministre de la culture, Jean-Jacques Aillagon, s’est saisi du dossier et vient de demander au CNC de réfléchir à une réforme et à un nouvel abaissement du fameux seuil des 800 fauteuils, au-dessous duquel l’exploitant n’a pas besoin d’agrément. Ce seuil avait déjà été revu à la baisse en 2000, en passant de 1 000 à 800 fauteuils.
Mais tout nouvel abaissement de ce plancher nécessite une réforme législative, ce qui prendra du temps.
(Jacques Le Brigand - à Nantes - et Nicole Vulser, Le Monde, 23 octobre 2002)