Pour Jean Gonnet
par Pierre-William GlennJean était un aristocrate élégant et original ; si on l’appelait " l’Anglais ", c’était aussi parce que sa désinvolture quant à la réussite médiatique était totale... Il avait toutes les qualités des plus grands directeurs photo, le courage esthétique (le culot des interprétations inattendues en lumière), le goût de la technique... et une grande modestie.
Après avoir été cadreur sous ses ordres dans le premier film d’André Téchiné, Paulina s’en va, j’ai bénéficié de son aide pour devenir chef opérateur, très jeune, sur Camarades de Marin Karmitz. Jean était l’un des, trop rares, hommes qui m’ont appris le fondamental " passage à l’acte ", le moment où l’on arrête de parler et où le cinéma opère sur les cinéastes.
J’ai toujours eu le sentiment que Jean était à mes côtés, que sa bienveillance, sa générosité m’étaient essentielles même si la vie nous avait séparés.
Sa disparition m’atteint beaucoup plus que raisonnable, à l’aune de la douleur de sa femme Béatrice et de sa fille, à qui j’envoie ici le témoignage de ma peine et de mon amitié.