Précautions à prendre pour des tournages "grand froid"

par Nourédyne Amroun, assistant opérateur

La Lettre AFC n°193

A l’occasion du tournage de Loup de Nicolas Vanier, cophotographié par Gérard Simon, AFC et Thierry Machado, Nourédyne Amroun, 1er assistant opérateur, a préparé le matériel caméra nécessaire " façon grand froid ". Il livre ici quelques précisions probablement nécessaires – selon Gérard Simon – aux inconscients, postulants à de futurs tournages dans les étendues glacées...

Matériel caméra
- 2 Moviecam Compact 4 perfs modifiées grand froid (mouvement dégraissé, puis regraissé avec huiles très fines) + reprises vidéo noir et blanc
- 1 Moviecam Compact 4 perfs (corps de secours)
- 1 Arri 3 modifiée grand froid
- 1 zoom Optimo Angénieux 24-290 mm modifié grand froid
- 1 zoom Optimo Angénieux 17-80 mm modifié grand froid
- 1 série Cooke S4 modifiée grand froid (18, 21, 25, 32, 40, 50, 75, 100 mm)
- 2 housses caméra grand froid + housses de zoom
- câbles grand froid (3/3, 4/4)
- 1 comparateur (indispensable à la vérification de la cote caméra suivant la température extérieure)
- 3 cartes électroniques de secours (2 sont tombées en panne durant le tournage)
- batteries à très fort ampérage (26 V, 24 V, 12 V)
- 2 têtes O’ Connor 2575 dégraissées
- 1 tête Ronford MK 4 dégraissée
- 1 système Mosys préparé par Benjamin Vial (dont housse chauffante réalisée à partir de rubans réchauffeurs pour pipe-line).
- 1 grue Felix.

Préparation et tournage
Toute la préparation du matériel caméra s’est faite en temps et en heure, grâce au dévouement et à l’implication de Fred Lombardo responsable technique chez Panavision Cinécam.
Essais réalisés à 20 °C, – 25 °C et – 50 °C dans les chambres froides de l’AFNOR à Trappes.
Nous avons utilisé les housses grand froid lorsque les températures oscillaient entre – 35 °C et – 50 °C (– 35 °C est d’ailleurs un vrai cap en dessous duquel les choses deviennent plus compliquées techniquement).
Les magasins étaient préalablement réchauffés et chargés sous une tente non loin du lieu de tournage (chauffée elle-même au canon à chaleur) pour parvenir à une température interne caméra suffisante afin que la pellicule ne soit pas trop cassante pour un entraînement " normal ".
Il nous arrivait aussi de réchauffer les magasins au décapeur thermique (branché sur un petit groupe) juste avant de tourner pour parvenir à une tension pellicule suffisante (plusieurs moteurs magasins ont d’ailleurs lâché...).
Nous n’avons pu utiliser la vidéo (enfermée dans une cantine isotherme dans laquelle nous avions pratiqué une " fenêtre " pour le moniteur) qu’au-dessus de – 35 °C.

Le local caméra comportait 2 pièces :
- une pièce chauffée à + 15 °C/+ 20 °C pour le chargement des batteries et le stockage des éléments de secours
- une pièce attenante maintenue à – 10 °C/– 15 °C pour le stockage des caméras, de la pellicule et le déchargement des magasins afin d’éviter des écarts thermiques trop importants.