Quelques mémoires de fin d’études 2020-2021 de l’ENS Louis-Lumière

Contre-Champ AFC n°331

Le mémoire de fin d’études d’étudiant(e) de l’Ecole nationale supérieure Louis-Lumière est toujours non seulement une somme de travail mais bien souvent une source d’informations non négligeable. Ceux dont, entre autres, nous faisons part ici analysent les pratiques de l’éclairage à l’âge d’or du nouvel Hollywood, la lumière disponible sur un décor réel, les techniques de truquage des décors par projections ou encore les aberrations optiques à l’ère du numérique. Deux chefs op’ de l’AFC en ayant dirigé ou codirigé deux d’entre eux.

"Evolution des pratiques d’éclairage des films couleur de l’âge d’or au nouvel Hollywood" (2021)
Auteur : Thibault Alcouffe
Directeur de mémoire : Baptiste Magnien, AFC

La présente étude analyse l’éclairage des films de l’âge d’or et du nouvel Hollywood. Dans une approche similaire à la recherche sur l’histoire des styles, elle porte un regard historique sur les pratiques et outils utilisés lors de la conception et mise en place de ces éclairages. Ce mémoire approfondit le matériel et les technologies de tournages disponibles pour les chefs opérateur et cheffes opératrices de l’époque, en considérant principalement les projecteurs et outils d’éclairages, mais aussi les caméras et leurs pellicules. Il comprend également une analyse des éclairages d’Autant en emporte le vent (1939) et du film French Connection (1971). La dernière partie présente des essais lumières dans lesquels la même scène a été filmée avec deux éclairages différents, appliquant les caractéristiques des deux styles.

"La lumière disponible" (2021)
Auteur : Sacha Lévêque
Directeur(s) de mémoire : Sylvie Carcedo et Julien Poupard, AFC

La lumière disponible, c’est la lumière naturelle et artificielle qui est présente sur un décor réel, à laquelle on peut également ajouter les lumières de jeu décrites par le scénario. Ce décor réel, cette architecture réelle, a été dessiné par un ou une architecte avec des intentions de lumière en fonction du type de bâtiment, de la pièce, de l’environnement extérieur et de la culture. Chaque lieu a une lumière qui lui est propre et qui varie au cours d’une journée, d’une année. Ce mémoire de recherche-création se demande s’il est possible d’éclairer des films de fiction avec la lumière disponible en utilisant l’architecture et l’accessoirisation de ces décors pour la travailler, à la place des outils artificiels que sont les projecteurs, drapeaux, réflecteurs et autres. Les ouvertures, les surfaces, leur matière ou leur couleur entre alors en jeu dans la composition de la lumière d’un film. Après une étude du travail de la lumière naturelle par l’architecte puis par les opérateurs et opératrices à travers l’histoire du cinéma, il s’agira de dégager des méthodes allant de la préparation au tournage, en s’appuyant sur des entretiens avec des chefs opérateurs. Méthodes qui ne doivent pas être perçues comme des recettes à appliquer mais plutôt comme des guides, car le travail en lumière disponible se réinvente en fonction de chaque lieu et de chaque opérateur.

"De la transparence des décors à leur illumination. Archéologie et réinvention des techniques de truquage d’arrière-plan in-camera" (2020)
Auteur : Grégoire Bélien
Directeur de mémoire : Pascal Martin, enseignant à l’ENS Louis-Lumière.

Les truquages des décors par projections sont des méthodes anciennes qui marquent aussi bien le cinéma dans toute son industrie que dans son esthétique. Faisant figure de techniques passées elles sont aujourd’hui, à l’image de l’immense majorité des effets pratiques, reléguées au profit des effets numériques. Remettant en question notre façon de voir mais aussi de faire du cinéma, notre génération semble avancer vers des méthodes dans lesquelles le tournage n’est finalement qu’une préparation à la fabrication du film en laboratoire numérique. Pourtant, au sein même de cette révolution digitale existe une révolution pratique. Posant alors la question de l’utilisation à outrance d’effets numériques mais aussi de leur efficacité à susciter une réaction émotionnelle, les solutions modernes aux truquages des décors portent en eux cette volonté de retourner sur les plateaux.

"Les aberrations et autres défauts optiques à l’ère du numérique" (2020)
Auteur : Olivier Ludot
Directeur de mémoire : Pascal Martin, enseignant à l’ENS Louis-Lumière

Depuis le début du 21e siècle, les caméras numériques remplacent progressivement le film argentique. Avec elles, ces technologies ont apporté une nouvelle manière de faire et de penser les images. Certaines vont tenter de retrouver l’esthétique du film, d’autres vont s’en éloigner et rechercher de la nouveauté. Les méthodes de travail ont également changé et la place de la postproduction a pris de l’ampleur. Dans cette nouvelle configuration, quels sont le rôle et la place des objectifs de prises de vue ? Sont-ils des éléments déterminants lorsqu’il s’agit de trouver l’esthétique qui sera la plus adaptée au film en construction ? Les optiques sont définies par leurs ergonomies, leurs courses de mise au point, leurs ouvertures, leurs qualités optiques et ainsi leurs aberrations résiduelles. Les aberrations sont multiples et peuvent avoir différents types de conséquences sur le rendu de l’image. Il s’agit dans ce mémoire de comprendre leurs origines, leurs effets et comment les contrôler. A travers des cas d’analyses pratiques, la deuxième partie de ce mémoire s’attardera sur la manière dont elles sont traitées sur des optiques modernes. Enfin, des chefs opérateurs témoigneront de leurs utilisations et traitements des aberrations sur des cas pratiques de tournage.