Réactions critiques au rapport Leclerc sur le cinéma

par Isabelle Regnier

La Lettre AFC n°119

Elargissement de l’assiette de la taxe vidéo, durcissement des obligations des chaînes, création d’outils fiscaux, financement par les régions, internationalisation du secteur... Il isole les facettes d’un système complexe, entièrement structuré depuis une quinzaine d’années autour de Canal+. Il en propose des adaptations, en vue de l’assainir et d’aboutir à un supplément de recettes estimé de « 55 à 60 millions d’euros en régime de croisière » (par rapport à un total de 860 millions d’euros investis dans les films agréés par le CNC en 2002).

Globalement inquiète, la profession ne semble pas avoir trouvé dans le rapport le projet alternatif qu’elle espérait.
Les critiques se concentrent aux deux extrémités du spectre, chez les producteurs indépendants et les groupes de télévision. Selon le SPI (Syndicat des producteurs indépendants), rien n’est proposé pour consolider la production, de plus en plus précaire, de premiers et de deuxièmes films. Au contraire, la clause de diversité qui impose à Canal+ de consacrer une partie de ses investissements à des films dont le budget n’excède pas 5,3 millions d’euros est remise en cause.

La direction du cinéma de TF1 relève la contradiction entre le constat selon lequel le cinéma fait de moins en moins recette à la télévision et des propositions destinées à durcir les obligations légales des chaînes hertziennes.
Ces mesures ont toutefois la faveur des producteurs les plus puissants, ceux de la nouvelle Association des producteurs indépendants (API), soit Pathé, UGC, Gaumont et MK2, et du Blic.
Quant à l’Association des réalisateurs-producteurs (ARP), elle reproche au rapport de ne pas s’être attaqué à ce qui, selon elle, constitue la menace la plus importante pour la diversité culturelle, « les phénomènes de concentration horizontale et d’intégration verticale ».

Avant de proposer des mesures concrètes, le ministre de la Culture attend les conclusions du directeur du CNC, qui s’apprête à s’entretenir avec les différentes parties.
(Isabelle Regnier, Le Monde, 22 février 2003)