Retour sur l’ASC "International Cinematography Summit" 2022, où l’AFC était représentée
Par Pascal Lebègue, AFCÀ cette occasion 27 associations étaient représentées : Allemagne, Arménie, Australie, Autriche, Brésil, Chili, Colombie, Corée du Sud, Estonie, Finlande, France, Grande-Bretagne, Hongrie, Italie, Japon, Macédoine, Mexique, Nouvelle Zélande, Philippines, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Suède, Turquie, Ouganda, Ukraine, Vietnam.
L’AFC était représentée par Denis Lenoir (les deux premiers jours) et moi-même, qui n’était malheureusement pas disponible à 100 % cette semaine-là. Il est à regretter que personne ne soit venu de France, faisant ainsi la démonstration de la vitalité de notre association.
J’ai trouvé le programme moins chargé que lors des précédentes éditions, avec l’avantage de laisser plus de place aux échanges et rencontres personnelles, faisant de ce sommet l’un des plus cordiaux auxquels il me fut donné d’assister.
Après le traditionnel petit-déjeuner devant le Clubhouse, la première matinée fut consacrée aux présentations. Elle était présidée par Stephen Lighthill, l’actuel président de l’ASC, et animée par Delphine Figueras, Patty Armacost et Alex Lopez.
Nombreuses étaient les associations qui présentaient leur "Society Reel", l’AFC brillant ici par son absence, un manquement qu’il serait bon de ne pas renouveler lors de la prochaine édition !
S’ensuivit la projection de "Halo", une production Paramount Plus, en présence du directeur de la photo Karl Walter Lindelaub, ASC.
Les sponsors de l’évènement nous rejoignirent pour le dîner d’ouverture, à la fraîche et devant le Clubhouse comme le veut la tradition.
La seconde matinée était marquée par la projection très attendue des essais comparatifs d’optiques AFC aux Studios XR, installés récemment dans les locaux historiques de Kodak à Hollywood, et sous la supervision de Denis Lenoir. Les tests d’objectifs, toujours en aveugle, étaient cette année élargis aux optiques Full Frame. Du beau travail qui aurait mérité une logistique encore plus parfaite.
Il nous suffit ensuite à tous de traverser la rue pour assister à la démonstration du savoir-faire des Studios XR en matière d’écrans LED géants et interactifs, ceci dans ce qui fut encore récemment le Hollywood Center Studio. Même si l’on est ici dans le domaine de l’évènementiel et de la VR, on se dit que les possibilités pour le cinéma sont immenses, à condition d’avoir le budget bien entendu. Le sol est LED lui aussi, filmable et les perspectives corrigées en permanence (live).
Je n’ai pu assister l’après-midi à la visite du Netflix Innovation Center qui, au dire de mes collègues de tous pays, était remarquable et très instructif.
Au troisième jour du sommet, nous étions invités au Sony Digital Media Production Center.
Une visite où trois groupes étaient formés, se partageant successivement les trois centres d’intérêt de l’endroit : mur LED pour 2D workflow, grande projection pour visionner les démos et essais comparatifs Sony, et enfin le studio entièrement Bluetooth pour la prise en main de la Venice 2 en HDR ou non (équipement au top).
Je connaissais le studio pour y avoir été invité avec la New York Film Academy donc pas de grande surprise de ce côté mais à coup sûr un bel outil !
La Masterclass dirigée par Sam Nicholson, ASC, était, elle, particulièrement instructive.
Démonstration y était faite de l’utilisation d’un mur LED de 16x9 pieds (env. 5x2,75 m) comme fond de décor, synchronisé, avec des protagonistes installés sur table tournante. Le tout est géré en temps réel et le passage du champ au contre-champ se fait en quelques minutes si du moins l’on s’en tient aux réglages lumière préétablis. Les pelures sont tournées avec un "rig" à cinq caméras qui couvre 180 degrés horizontaux sans distortion. Leur qualité est, comme dans le cas d’une rétro-projection à l’ancienne, déterminante. Ne reste à gérer que la perte de point en fonction de la taille du plan, de la focale utilisée et des conditions lumière de la scène.
Je n’ai pu assister l’après-midi à "The Art of Color" aux Harbor Studios à Santa Monica, une compagnie spécialisée dans l’étalonnage digital.
Le jeudi, 4e jour de cette aventure, était consacré en matinée à la projection de The Tragedy of Macbeth à la salle de Projection Dolby d’Hollywood Boulevard.
Peter Doyle, étalonneur vidéo, était présent dans la salle tandis que Bruno Delbonnel l’était en virtuel. J’avoue que l’expérience de la Dolby Vision vaut le détour : dual laser system, un rapport de contact supérieur à 1 000 000:1, des niveaux en hautes lumières comme en noirs uniques en salle, d’ailleurs aucune lumière ne reste allumée pendant la projection !
Peter Doyle nous a entretenus de la nécessité d’un étalonnage qui laisse de la place aux "accidents", aux découvertes, voire aux imperfections, un étalonnage "organic” en somme, contredisant légèrement en cela ce qui était visible sur l’écran. La question d’étalonner spécifiquement pour un type de distribution était, elle aussi, posée. Il semble que oui, on n’étalonne pas de la même manière – du moins dans l’idéal – pour le Dolby Vision et pour le streaming ou la grande distribution.
Bruno Delbonnel, campé dans un petit insert tout en haut de l’écran, nous a longuement entretenus du rythme dans la lumière. Peut-être la salle que nous étions, composée uniquement de directeurs de la photo confirmés, aurait-elle préféré s’entretenir de considérations plus pratiques sur la fabrication de la remarquable image en noir et blanc de The Tragedy de Macbeth…
La traditionnelle visite chez Panavision, prévue pour l’après-midi, était annulée, deux membres de notre assemblée ayant testés positif la veille. Regrettable !
Le dernier jour du sommet se déroula entièrement au Clubhouse.
Armando Salas, ASC, accompagné de Aaron Picot, son DIT, nous présenta des extraits de son travail sur la série "Griselda" (Netflix), commentant sur le "on-set workflow" HDR utilisé, une technique qu’il avait déjà employée lors sa participation à "Ozark" et "Raising Dion".
S’ensuivit l’exposé des comités : ASC Vison Committee, Mentorship et Future Practices avec la participation d’Imago et de l’ACS. Les progrès dans le domaine de chacun des comités nous y furent exposés, ainsi que le chemin restant à parcourir.
Elen Lotman, ESC, revenait ensuite sur la présentation faite quatre ans auparavant de son PhD sur les "méthodes du processus de création en cinématographie".
Une ASC Clubhouse Conversation s’ensuivit, accompagnée de la projection d’"Outer Range". Le DoP Drew Daniels, le réalisateur Lawrence Trillig et l’acteur Josh Brolin étaient présents.
Enfin, le dîner devant le Clubhouse clôturait dignement cette édition 2022 de l’ICS, la première, fort réussie, de l’après-Covid !
Toutes les photos illustrant cet article sont de Pascal Lebègue.