Retour sur la Caméra d’or
Par Jean-Marie Dreujou, AFCLe Palais Croisette n’existe plus, l’hôtel Marriott a pris sa place. C’est ici que j’ai rendez-vous avec les membres du jury de la Caméra d’or – Catherine Corsini, la présidente, Jean-Cristophe Berjon, critique français, Isabelle Frilley, directrice générale de Titra Films, Alexander Rodnyansky, producteur russe et membre invité – et les responsables de la Caméra d’or – Stéphane Letellier, responsable, Olivier Gautron, responsable du jury, Camille Barthomeuf, assistante jury.
Nous rejoignons le Palais des Festivals, où déjà beaucoup de monde attend pour la fameuse montée des marches. Puis vient notre tour, et nous serons accueillis en haut des marches par Thierry Frémaux et Pierre Lescure. Je découvre le Grand Théâtre Lumière, avec son immense salle de 2 309 places, impressionnante ! Après la cérémonie d’ouverture, nous assistons à la projection du film hors compétition Café Society, de Woody Allen, puis au grand dîner qui clôturera cette première journée très intense.
Le lendemain, première journée de projection, c’est parti pour dix jours, nous avons 23 films à voir. Nous discutons après chaque film, mais nous avons décidé de procéder à trois pré délibérations afin de garder un minimum de films pour le dimanche matin, jour de la dernière délibération.
Les projections s’enchaînent, c’est une immersion totale dans le cinéma. Nous ne pensons qu’à ça ! Tous les films sont de très bonne qualité, en choisir un ne sera pas facile, d’autant plus qu’il n’existe plus de "mention spéciale", ni de film "ex-æquo" depuis une dizaine d’années.
Mes marques sont très vite prises, le badge du jury m’ouvre toutes les portes, et je découvre ainsi les lieux privilégiés du Palais du Festival. Le Café des Palmes, et la Terrasse du Festival où la Caméra d’or a son bureau.
Close Encounters with Vilmos Zsigmond, de Pierre Filmon est projeté à Cannes Classics, je rejoins les directeurs de la photographie présents et nous montons ensemble les marches en souvenirs de Vilmos Zsigmond. Merci à Pierre d’avoir tourné ce film, c’est un formidable document.
Mardi, c’est la journée de la Caméra d’or. Après la montée de marches, nous profitons du dîner et, à l’initiative de Catherine, nous rencontrons tous les réalisateurs en compétition pour la Caméra d’or. Les projections s’enchaînent, quel bonheur de voir tous ces films venus du monde entier !
Le film de Xavier Dolan est projeté en 35 mm, Pierre-William Glenn, président de la CST et responsable des projections du Festival, me fait visiter la cabine. Le 35 mm n’est pas mort !
Vendredi, nous montons les marches avec tous les directeurs de la photographie présents à Cannes. Après le cocktail donné sur la Terrasse du Festival, Pierre Zéni présente la cérémonie d’hommage à Peter Suschitzky. Les discours de Thierry Frémaux, Pierre Andurand, Pierre-William Glenn, Juliette Binoche et Viggo Mortensen s’enchaînent. Peter Suschitzky monte sur scène, et Pierre Andurand lui remet un zoom Angénieux Optimo 24-76, gravé à son nom.
Samedi, je n’assiste pas à la Master Class de Peter Suschitzky car j’ai une projection à la même heure. C’est déjà la projection du dernier film, tout s’est passé tellement vite !
Dimanche, nous nous retrouvons à la Terrasse du Festival pour la délibération finale. Après le premier vote, trois films restent en compétition. Au vote final, c’est Divines, de Houda Benyamina, qui remporte la Caméra d’or du 69e Festival de Cannes. D’une énergie folle, Divines est une vraie bombe de cinéma avec trois actrices stupéfiantes.
Entre les projections, les débats et les dîners, ces douze jours sont passés très vite, le temps a pris une autre dimension, un peu comme lors d’un tournage !
Faire partie du Jury de la Caméra d’or est une expérience extraordinaire, que je souhaite à chacun de vivre, car assister à la projection de nombreux films de qualité du monde entier, et pouvoir échanger, délibérer, parler cinéma avec de nombreux professionnels, c’est ce que peut souhaiter vivre passionnément un amoureux du cinéma !
(Les photos dans le portfolio ci-dessous sont de Jean-Marie Dreujou)