Sven Nykvist
par Henri Colomer, réalisateur
Les panneaux réflecteurs facilement orientables étaient des prototypes à l’époque, et les grands " drapeaux " pour couper une lumière réfléchie, de vraies merveilles dont on faisait tourner les rotules dans tous les sens. C’était après La Flûte enchantée et avant Face à face. Ses électriciens l’adoraient.
Il n’aimait pas trop les têtes manivelles, chaque fois qu’il pouvait, il cadrait lui-même, au manche. En même temps, curieusement, il ne détestait pas un zoom intégré à l’action (commande du zoom sur le manche).
Il m’a montré les dessins qu’ils avaient faits avec Bergman dans la chapelle des Communiants, quand ils étudiaient " pour la première fois " comment tournait la lumière naturelle, et nous avons visionné des films de Stiller, Sjöjström, filmés dans de " faux studios " éclairés par la lumière d’atelier des peintres, l’éclairage zénithal du nord.
Le voir se dépatouiller sans comprendre le russe sur Le Sacrifice avec Tarkovski dans le " making of " du film donne la mesure du personnage.
Pour moi, une rencontre brève mais décisive : l’honnêteté artistique incarnée.
Un homme merveilleux, comme il en existe si peu.
Je pense à lui, j’espère qu’il n’a pas souffert avant de partir, il nous a vraiment laissé quelque chose d’inoubliable ; surtout - pour moi - quand il filmait et éclairait les visages.
(NDLR Voir d’autres photos de tournage du Sacrifice sur le site Nostalghia.com)